Carmen
de Prosper Mérimée

critiqué par Lolita, le 11 juillet 2002
(Bormes les mimosas - 38 ans)


La note:  étoiles
La bohémienne...
Voilà une nouvelle de Prosper Mérimée qui m'a enchantée dès les premières lignes. On sent souffler sur le livre un vent espagnol. L'histoire est des plus agréables. Très courte, elle se lit avec grand plaisir.
L'action se déroule donc en Espagne, où Mérimée se glisse dans la peau d'un narrateur voyageur. Au détour d'une route, il rencontre un jour un bandit avec lequel il poursuit son chemin malgré les réticences de son guide. Mais celui-ci est bientôt amené à prendre la fuite. Quelques jours plus tard, alors que le narrateur (dont on ne sait absolument rien par ailleurs) est amené à le revoir une nouvelle fois après avoir rencontré une jeune bohémienne. Repartant pour son voyage, le narrateur le croisera à nouveau mais cette fois-ci en prison où il vient d'être condamné pour ses nombreux crimes. A partir de ce moment là commence véritablement l'histoire. Jour après jour, Don José (tel est son nom) se met à raconter son histoire au narrateur attentif qui n'interviendra plus...
L'histoire, peuplée d'aventures est plaisante mais on est quelque peu déçu par l'issue qu'elle prend. En effet, la nouvelle se termine par la fin du récit du brigand. Or, on ne sait pas ce qu'il advient de lui. Est-il finalement tué? Ni de ce qu'il advient du narrateur? Réussit-il la mission qui lui est confié au début? Pour clore la nouvelle, un chapitre sur les us et les coutumes des bohémiens, leur parler, leur manière de vivre.... dont voici un extrait :
"Cependant, quelques vieux bohémiens disent par exception : jayon, lillon. Je ne connais pas d'autres verbes qui aient conservé cette forme antique. Pendant que je fais ainsi étalage de mes minces connaissances dans la langue rommani, je dois noter quelques mots d'argot français que nos voleurs ont empruntés aux bohémiens. Les mystères de Paris ont appris à la bonne compagnie que chourin voulait dire couteau. C'est du rommani pur ; tchouri est un de ces mots communs à tous les dialectes. "
Oh oh oh oh ! Je t'aime à la bohémienne 4 étoiles

Je l’avais tant aimée ma gitane terrible. « Ma », c’est vite parler, il n’y a dans son cœur de région pour l’amour, d’autre place possible que pour la liberté, et ses yeux enjôleurs charment l’homme fragile, en font une poupée qui plie à ses désirs, qui tue pour ses soupirs, qui pleure et qui sourit, qui se sait envoûté, qui rampe et s’humilie pour l’éclat d’un sourire, qui l’aime et la maudit dans un même « Carmen ».
Et moi, j’ai succombé à ce sort implacable ; j’ai tant aimé, maudit cette âme souveraine : m’opposer, lui céder, j’en étais incapable. Et ce déchirement au fond d’une âme humaine a emmené ma main par-delà le remords, a conduit mon amour à se changer en haine. La vie n’a rien pour moi, j’embrasse donc la mort.

Découvert par Bizet, mille fois révéré, le texte originel m’a quelque peu déçu. Encore Mérimée qui fait du Mérimée – certes c’est bien normal, la chose est entendue , mais ce style daté, spectre du dix-huitième avec, oui je l’admets, quelques pointes modernes, m’a toujours malfré moi posé un grand problème : il me berce, il m’endort, de bâillements me cerne.

Froidmont - Laon - 33 ans - 29 avril 2023


La rudesse d'un amour furtif 7 étoiles

Don José, militaire espagnol, raconte son histoire à un archéologue français de passage. Il décrit son coup de foudre pour Carmen, Gitane, aimante mais indomptable, condamnant les hommes qui l'approchent à un amour aussi éphémère que son passage dans chaque ville.
Dans cette nouvelle, donc dans une oeuvre assez courte, les rebondissements ne manquent pas, à la manière qu'affectionne donc l'auteur, tout comme l'inspiration espagnole, à laquelle il reste fidèle. Elle s'avère intéressante par le traitement de l'indépendance des femmes, via le traitement d'une population nomade, mais au prix de quelques clichés tenaces qu'il contribue par véhiculer, mais l'intention prime. La protagoniste détient la franchise de spécifier qu'elle a tendance à ne pas s'attacher, mais elle n'en demeure pas moins un tantinet cruelle. C'est assez agréable à lire.

Veneziano - Paris - 46 ans - 21 février 2020


La femme fatale 6 étoiles

Le narrateur, archéologue, rencontre Don José, l'un des plus grands brigands espagnols, qui souffre de son amour démesuré pour la belle Carmen aux charmes redoutables. Ce brigand, ancien soldat basque, devient le jouet de cette femme fatale quelque peu manipulatrice.

Cette nouvelle a des accents tragiques et se révèle suffisamment dynamique pour intriguer et séduire le lecteur. Elle contient des rebondissements et les confidences de Don José sont intéressantes car révélatrices.

Cet amour tragique rappelle certaines intrigues de Racine ou de Corneille et c'est sans doute l'atout principal de ce texte à mes yeux. Il n'en demeure pas moins que je préfère le Mérimée auteur de textes fantastiques ...

Pucksimberg - Toulon - 44 ans - 11 novembre 2012


Brûlant 7 étoiles

À chaque fois que je pense Carmen, j’entend la musique de l’opéra de Georges Bizet : « l'amour est un oiseau rebelle que nul ne peut apprivoiser ... ». C’est aussi un livre que j’ai lu pour l’école. Je crois que le sujet de la dissertation était si on était d’accord avec le geste que fait l’homme à la fin. Je ne pense pas qu’il avait raison, mais le récit ne m’aurait pas aussi marqué si la fin aurait été différente. C’est un archétype du genre.

Nance - - - ans - 24 juillet 2008


une fin mythique !! 7 étoiles

"Carmen" est une très bonne nouvelle de Mérimée. Il n'y a pas grand chose à dire. Lire ce livre c'est partir en voyage. J'ai particulièrement aimé la fin, très romanesque, et qui fait penser à la chanson "requiem pour un fou" d'Hallyday:"je l'aimais tant que pour la garder, je l'ai tué"

Cléliadeldongo - - 36 ans - 5 mai 2005


Belle écriture. 8 étoiles

Très belle histoire en effet que ce Carmen, qui inspira ...
Très belle écriture que celle de ce Mérimée, injustement méconnu me semble-t-il. Je le mets dans le même sac que Pierre LOTI, aussi injustement méconnu et aux aussi belles qualités d'écriture.
Il n'y a pas d’esbroufe dans ce roman. Le narrateur voyageur n'est pas un super héros. Ca fait penser à la vraie vie des vrais gens de l'époque. Prosper, je t'aime!

Tistou - - 68 ans - 4 février 2005