L'amour et l'oubli
de André Brink

critiqué par Frunny, le 25 septembre 2011
(PARIS - 59 ans)


La note:  étoiles
" Pauvre , pauvre Don Juan ... "
" Tu es morte à 09h43 ce matin. J'étais avec toi , bien sûr ; personne d'autre. Mon dernier amour ? "

Cette phrase sonne l'ouverture du roman d'André Brink.
L'auteur nous plonge dans l'Afrique du Sud contemporaine au travers des aventures amoureuses de Chris Minnaar , écrivain " opposant " .
" A chaque épisode de l'Afrique du Sud me correspond une femme " ; résume à merveille la construction du roman.
Un Don Juan , devenu séducteur impénitent parce qu'il souffre de la solitude . Mais Don Juan a eu la chance d'être précipité en enfer pour ne pas s'imaginer vieux.
Un vibrant hommage aux femmes ;
" comment aurais-je pu être moi , si chacune d'entre elles n'avait pas existé ? "
" Un homme qui ne sait pas apprécier le vin à sa juste valeur ne comprendra jamais rien aux femmes "
Aux raisons profondes de l'écriture ;
" Ecrire pour trouver une sorte de rédemption , avant que ça s'échappe . Avant que j'oublie . "
A son pays adoré ;
" L"Afrique du Sud comme un port d'attache auquel on peut toujours revenir, tel Ulysse à Ithaque .
" L'Afrique du Sud est devenue la seule femme que je ne pourrais jamais quitter " .

L'Amour des femmes et la violence d'une nation déchirée.
Nelson Mandela - bien sûr - mais également Steve Biko , Jan van Riebeeck , Pieter Botha et d'autres.
La violence des guerres internationales ( L'Iraq , L’Afghanistan , la Palestine ) et des crimes locaux (viols , cambriolages , agressions et meurtres ) distillent un lent poison dans la société sud-africaine.

Ce roman est mon 1er contact avec André Brink.
Le style est limpide , les références littéraires riches .
Je déplore les trop nombreuses longueurs sur les multiples conquêtes féminines et les détails sexuels qui ne semblent pas apporter grand chose.
La mise en perspective avec les conflits internationaux et l'Histoire chaotique de ce pays en font néanmoins un excellent roman.
L'après Mandela reste à construire.