Génération chaos : punk, new wave 1975-1981
de Christophe Bourseiller

critiqué par Patman, le 14 septembre 2011
(Paris - 62 ans)


La note:  étoiles
The Great Rock'n'Roll Swindle
Quand, à la fin des années 70, je m’éclatais sur les riffs affolants des Ramones ou de Clash, je n’imaginais pas que 30 ans plus tard, des livres très sérieux seraient consacrés à cette musique. C’est pourtant ni plus ni moins qu’un ouvrage de sociologie que nous offre ici Christophe Bourseiller. En un peu plus de 300 pages, l’auteur nous dresse un vaste tour d’horizon sur ce mouvement qui a révolutionné le Rock entre 1974 et 1980 : le Punk, puis son émanation la New Wave.
Né aux Etats-Unis, et plus précisément à New York, dans la mouvance du fameux Velvet Underground, le mouvement se propage à Londres en 1975 sous la houlette d’un jeune artiste d’art contemporain (et très bon commerçant) Malcolm Mac Laren. Sa compagne, Vivienne Westwood, tient une boutique de fringues, ils voient à travers la mode « punk » que Mc Laren a découvert lors d’un voyage à NY une bonne aubaine commerciale. Ils vont désormais tout faire pour que cette « mode » s’étende en Europe, allant jusqu’à créer de toute pièce un groupe : les Sex Pistols sont nés ! Autour d’eux, une petite troupe d’aficionados qui eux aussi petit à petit créeront leurs propres groupes. Il y a là parmi d’autres Siouxie Sioux, Adam Ant ou encore Billy Idol… D’autres groupes voient le jour en Angleterre : The Clash, Damned ou encore Joy Division.
Aux States, ce sont les New York Dolls qui ont lancé le mouvement. Le nom « Punk » quant à lui vient du titre d’un fanzine lancé par une poignée de jeunes étudiants en art new-yorkais. En argot ancien il signifie « prostituée », en menuiserie « petite pièce de bois dont on ne peut plus rien faire » et par extension argotique toujours « débris » ou « rebut ». Il désigne donc tout ce qui est pourri. Tout un programme…
Bourseiller rallie l’idée de ce mouvement au dadaïsme et, plus près de nous, au situationnisme. Mc Laren lui-même se dit situationniste d’ailleurs. Dans un premier temps, les punks s’approprient les emblèmes du nazisme pour mieux « choquer » les foules, aux USA, ils arborent des emblèmes communistes par contre (on choque avec ce qu’on peut !) même si ce sont avant tout des nihilistes et qu’il n’y a aucune idée politique derrière tout ça. Très vite pourtant, certains groupes vont s’identifier à des causes plus ou moins politiques (The Clash s’oriente très vite à gauche en ralliant le Anti Fascist Front qui lutte contre l’émergence du National Front en Angleterre). A la musique extrêmement basique des débuts (one, two, three, four…enchaîné avec une chanson jouée à 100 à l’heure et finissant abruptement au bout de maximum 2 minutes) succèdent des mélodies plus travaillées, plus longues, avec des textes plus « poétiques ». La New Wave s’annonce.
Ouvrage intéressant, richement documenté (mais trop peu sur le plan iconographique) où Christophe Bourseiller nous inonde de références diverses et variées. Je reprocherais presque à cet ouvrage d’être trop « savant » et pas assez « anecdotique ». L’aventure des Sex Pistols est assez bien relatée, ainsi que l’éphémère trajectoire de Ian Curtis (chanteur de Joy Division), on s’attarde longuement sur Throbbing Gristle ou Suicide, malheureusement d’autres grands noms sont traités à la va-vite (quasi rien sur The Clash ou The Stranglers) et le mouvement allemand est expédié en 3 paragraphes en fin de bouquin. On s’étale par contre avec beaucoup de complaisance sur le mouvement punk français, qui à mes yeux est resté anecdotique. Le premier « Festival Punk » qui s’est tenu en août 1976 à Mont de Marsan devant 200 personnes avec en tête d’affiche « Damned » et…Little Bob Story ! (Heureusement ils feront mieux par la suite)… On cite d’abondance le dandy journaliste Alain Pacadis ; Stinky Toys nous est présenté comme un groupe merveilleux (je ne garde pourtant pas ce souvenir de Elli et Jacno) et Asphalt Jungle comme un groupe génial (perso je préférais Bijou). Bof.