José Antonio : la Phalange espagnole et le national-syndicalisme
de Arnaud Imatz

critiqué par Vince92, le 25 avril 2012
(Zürich - 47 ans)


La note:  étoiles
Une étude exhaustive sur un personnage politique méconnu.
Il est toujours difficile d'émettre une critique sur un essai politique, surtout s'il porte sur une figure aussi sulfureuse et controversée que José-Antonio Primo de Riveira, fondateur et véritable âme de la Phalange espagnole.
On trouve généralement en France des études engagées pour commenter les événements de la Guerre d'Espagne, souvent à gauche pour tout dire. De ce fait, le public qui s'intéresse à cette époque de l'histoire de l'Espagne est souvent exposé à une vision doctrinale, forcément partielle et partiale des événements, sans parler du corpus idéologique des adversaires du "camp républicain".
Cet ouvrage n'échappe pas à la règle, à cela près que l'auteur se situe clairement dans "l'autre camp", celui des admirateurs de José-Antonio. Il n'en fait jamais mystère. Est-ce à dire que le livre ne présente pas d’intérêt? Non. A.Imatz effectue un très bon travail d'historien, c'est à dire qu'il cite abondamment ses sources, la bibliographie en fin d'ouvrage est réellement impressionnante. L'auteur ne minimise pas les crimes de la phalange ou du camp nationaliste mais les replace dans le contexte de la Guerre Civile et les retrace la genèse du cycle de violence.
D'ailleurs, plus que du camp national, la sympathie de l'auteur va en priorité à la figure de José-Antonio (la couverture de l'ouvrage déjà annonce la tendance), et des "vieilles chemises", les adhérents primaires du mouvement national-syndicaliste. Étonnamment, on apprend, les informations contenues dans le livre étant débarrassées du substrat idéologique gauchisant, que la Phalange est, certes nationaliste mais également syndicaliste, pose la dignité de l'homme avant tout, veut la prépondérance des masses face à la domination de l'oligarchie bourgeoise-capitaliste. Au point que le reste du camp nationaliste nommait les phalangistes "nos rouges".
Comment ce mouvement, si contraire aux intérêts de la haute classe espagnole a été l'instrument de Franco au cours de la période d'après-guerre civile? Le "Caudillo", profitant de la mort de J-A, ainsi que des circonstances exceptionnelles nées des combats, va fusionner les forces nationales et ainsi, permettre la fin de la Phalange originelle pour en faire un parti soumis aux forces de la réaction. Et même si au cours des années 39-75, on assistera à des tentatives de retour aux fondamentaux, la Phalange ne correspondra jamais plus à l'idéal que s'en faisait JA Prio de Riveira.
Au final, ce livre est très intéressant, il a le mérite de fournir un contre-point nécessaire à la doxa sur la Guerre Civile espagnole ainsi que sur l'une de ses figures les plus controversées hors de son pays. Il est parfois assez difficile (notamment le chapitre II de la première partie) dans l'emploi de toute une rhétorique liée à la science politique. On se perd souvent dans les méandres de la riche vie espagnole pré-guerre civile, les noms des protagonistes mais cette étude vaut assurément la peine d'aller au bout des quelques presque 600 pages.