La ville et les chiens
de Mario Vargas Llosa

critiqué par Lectio, le 5 septembre 2011
( - 76 ans)


La note:  étoiles
soleil voilé
Lima, Pérou. Le collège Leoncio Prado est une académie militaire réputée. Discipline et rigueur pour ces gamins venus des déserts péruviens ou des beaux quartiers de la ville. Ici ils deviennent des hommes. Rien ne doit ternir la prestigieuse réputation de l'établissement. La vie à l'intérieur est bien différente. Les cadets (élèves) sont bien décidés à contrer la discipline imposée. Le cercle, groupe d'élèves en révolte et surnommé les chiens va instituer ses propres règles sous la direction du redouté "jaguar". Celui-ci va imposer un monde encore plus redoutable. Brimades, sévices corporels, sexuels, vols, beuveries, trafics, seront le quotidien de cette section. Le vol raté des sujets d'examen de chimie sera dénoncé par l'esclave, le souffre douleur de la section, auprès de la hiérarchie militaire. Il le paiera de sa vie, tué d'une balle dans la tête au cours d'un exercice d'assaut. Tout sera fait par la direction de l'établissement pour préserver la réputation de l'institution mais aussi de ses dirigeants. L'élève malheureusement s'est tiré une balle dans la tête avec son propre fusil, en tombant. C'est sans compter sur l'unique ami de l'esclave qui accusera le jaguar de meurtre et dénoncera auprès de l'instructeur Gamboa responsable de la section la terreur imposée dans la section. Gamboa, homme rigide, appliquant à la lettre le règlement, dérangera sa hiérarchie. Une chape de silence sera scellée entre le jaguar et son mouchard, Gamboa sera muté. Lorsqu'ils ne sont pas consignés, les cadets retrouvent la liberté, apparente, de la vie civile. Cinémas, plage, camarades, amourettes. Et aussi, bagarres, sexe, pauvreté, bandes rivales et voleurs, parents désunis, père volage. Cet ouvrage, sombre, d'une rare violence est largement autobiographique. Mario Vargas Llosa fut en effet envoyé par son père (il ne le connut qu'à l'age de 10 ans) à l'académie militaire de Lima. L'auteur avait 14 ans lorsqu'il entra dans cette institution à former des "hommes". Auteur majeur de la littérature latino - américaine, Vargas Llosa décrit admirablement, durement, crument, cruellement cette civilisation de violence et de sexe. L'épilogue de l'ouvrage ne laisse aucune fenêtre d'espoir. Sont-ils vraiment devenus des hommes ? Qu'est ce que devenir un homme ? le soleil de Lima est bien pâle et voilé.
Le grand silence 4 étoiles

Premier roman de l’écrivain péruvien et succès instantané, La ville et les chiens est une incursion derrière les murs de l’académie militaire Leoncio Prado, laquelle fut fréquentée par Vargas Llosa. À la fois récit autobiographique et roman initiatique, l’œuvre se présente comme un microcosme de la société péruvienne. L’histoire relate le meurtre d’un cadet, déguisé en accident par un gang appelé « le cercle » et aborde les thèmes chers à l’auteur : le secret, le machisme et les structures hiérarchiques.

La majeure partie de cette brique de 600 pages est consacrée au quotidien des adolescents de l’institution - leurs relations, les contacts avec l’extérieur, l’apprentissage de la vie adulte. Parce que pour moi, il n’y avait rien d’original dans ce roman, j’en suis ressorti avec une impression de vide. Étant donné qu’il a été écrit au début des années 60, le style n’est pas percutant. Les scènes de violence sont ternes. L’atmosphère est beaucoup trop calme considérant le milieu dans lequel nous sommes plongés. Enfin, les personnages aux sobriquets tels : le poète, l’esclave, ou le jaguar, sont unidimensionnels. Leur intériorité est à peine étudiée.

Le genre de bouquin supportant mal l’épreuve du temps en raison des versions contemporaines du même type de récit, beaucoup plus incisives, qui ont été publiées par la suite.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 56 ans - 28 août 2025


Instructif mais bien austère 7 étoiles

Tout cela est bien rude, voire rugueux. L'aspect un peu potache permet d'introduire un peu d'humour dans un récit qui demeure bien sombre. Cela est certes prévisible, l'ensemble reste instructif, la narration bien menée, avec un suspense à la clé. Mais je dois avouer n'avoir pas totalement adhéré. Cela ne prévaut pas totalement de la valeur du roman, qui reste bon.
C'est le premier de l'auteur, et qui n'est pas non plus mon préféré. Il ne serait pas pour rien dans la délivrance du Nobel de littérature à ce romancier, que j'apprécie, de manière générale.

Veneziano - Paris - 48 ans - 7 août 2015


Entre les murs du Leoncio Prado ... 9 étoiles

Le collège militaire Leoncio Prado a la réputation d'être dur. Les jeunes y sont envoyés par leurs parents afin d'en faire des hommes et d'apprendre la discipline militaire.

C'est alors qu'un cercle d'élèves dirigé par le charismatique Jaguar vient briser la routine du collège. L'alcool, les jeux de cartes et même la poésie font irruption dans les dortoirs.

Les lieutenants préfèrent passer sous silence ces infractions au règlement jusqu'à ce qu'un malheureux incident ne délie certaines langues ...

Après avoir lu et aimé "La fête au bouc", j'ai adoré "La ville et les chiens". Peut-être moins accessible que le premier nommé mais plus intense.

Bebmadrid - Palma de Mallorca - 46 ans - 4 mai 2013