Poussière
de Rosamond Lehmann

critiqué par Jfp, le 3 septembre 2011
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 75 ans)


La note:  étoiles
proust made in england
Rosamond Lehmann avait probablement lu "A l'ombre des jeunes filles en fleur", paru en 1919 et immédiatement traduit en anglais, avant de composer cet étrange roman psychologique où l'on retrouve quasiment en miroir la petite bande de Balbec. Ici, nous sommes dans la campagne anglaise, où Judith, la narratrice, va s'éprendre d'un groupe d'amis installés dans la propriété voisine. Les personnages évoluent au cours du temps, certains mûrissent tandis que d'autre gardent leur âme d'éternel adolescent, et beaucoup d'illusions tombent au fil des amours et des amitiés sans cesse contrariées par la mort et l'éloignement. Roman "à scandale" à l'époque où il parut, cette évocation très libre des penchants avoués et inavoués d'une jeunesse oisive proche de l'aristocratie, constitue pourtant une fine analyse des sentiments humains, qui atteint à l'universel grâce à sa profondeur et sa sincérité. Admirablement rendue par la traduction de Jean Talva, la langue déploie toute sa saveur pour décrire la complexité des rapports amoureux.