Carnets d'Orient, tome 7 : Rue de la bombe
de Jacques Ferrandez

critiqué par CC.RIDER, le 27 août 2011
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Le drame prend de l'ampleur...
Les évènements se précipitent, les attentats dans les lieux publics se multiplient (Otomatic, Milk-Bar...), les assassinats également (Amédée Froger, président des Maires d'Algérie). Les ripostes des Européens ne tardent pas : ratonnades, lynchages et premières bombes posées dans la Casbah. A l'initiative d'Octave, toujours obsédé par l'idée de convaincre plutôt que de contraindre, une nouvelle tactique se met en place. Il s'agit de retourner les partisans du FLN, de les mouiller et de les faire passer pour des traitres aux yeux de leurs frères. C'est ce qui arrive à Samia, la petite amie musulmane d'Octave, qui, après avoir été renvoyée indemne parmi les fellaghas, devient suspecte à leurs yeux et risque la mort dans des conditions horribles.
Dans ce tome, le drame prend encore de l'ampleur. La France vient de subir un nouveau revers avec l'affaire de Suez. On assiste aux débuts de la bataille d'Alger et Ferrandez démonte fort bien les mécanismes pernicieux de la « bleuite » au travers d'un récit imaginaire mais très vraisemblable. Le lecteur comprendra également le problème des « Harkis », ces supplétifs arabes pris plus ou moins volontairement entre deux feux et qui paieront un très lourd tribu dans une guerre de plus en plus sale. A noter en plus de l'habituelle très bonne qualité de cet album, une excellente introduction de Bruno Etienne. Citation : « Elle (l'Algérie) est aussi l'échec de la part des Lumières qu'il y avait dans la colonisation. L'Algérie restera donc un non-lieu catastrophique tant qu'il sera impossible de faire une véritable histoire de cette relation pathologique... »