La fille de Narcisse
de Craig Holden

critiqué par Pietro, le 26 août 2011
( - 45 ans)


La note:  étoiles
Un polar noir de haute volée
Craig Holden est au auteur américain de polars psychologiques trop méconnu, et pourtant, il est aussi talentueux que Dennis Lehane, William Bayer ou James Ellroy.
Ses romans sont tous différents les uns des autres, originaux, et montrent une capacité énorme de l'auteur à se renouveler.
Son dernier roman traduit en France, La fille de Narcisse, est aussi le plus court: 240 pages.
Ici, pas de gras, pas de fioritures, c'est un polar captivant, qui prend à la gorge de la première page à la dernière page.
« C’était au printemps 1979, à la fin du règne des blousons de cuir, des ensembles en jean et bien sûr, du disco. » Ainsi commence ce roman, qui raconte l'histoire troublante de Syd Redding, et de Ted Kessler. Syd Redding est un étudiant en médecine issu de la classe ouvrière, qui travaille dans un laboratoire dirigé par le narcissique et très riche Ted Kessler. Sa femme y travaille également. Syd va en tomber amoureux. Une histoire qui finira mal, jusqu’au coup de théâtre final, vingt-cinq ans plus tard.
Erotisme, jalousie, vengeance, manipulation: les thèmes abordés sont classiques, mais quand Holden est à la baguette, ce n'est plus classique du tout. C'est du grand art!
Holden nous embarque dans une histoire haletante, avec un réalisme à faire froid dans le dos. Chapeau!
Tel est pris qui croyait prendre 3 étoiles

Daniel Sydney Redding, dit Syd, est étudiant en médecine. Orphelin de mère, il vit misérablement avec son beau-père, chômeur et alcoolique après un séjour en prison, Brigman, et sa soeur Chloé, adolescente atteinte d'un angiome sur la moitié du visage. Sans oublier Donny, le voisin mécanicien, présenté comme simple d'esprit, passionné de mécanique automobile et amoureux transi de Chloé.
Mais Syd travaille dans le laboratoire du Professeur Kessler; homme à qui tout semble réussir, actionnaire, chercheur, conférencier et chef de service de Syd. Marié à la sublime Joyce, infirmière de nuit et père de Jessi, une jeune fille de 17 ans.
Alors quand Kessler propose à Syd un poste de nuit pour gagner de quoi se payer ses études, ce dernier se sent manipulé et décide de se venger de la réussite et de la toute puissance de son patron.
"Je pris soudain conscience de l'ignorance dans laquelle les maintenaient ces hauts murs qui les isolaient du monde, dans leur petit enclave de luxe. Qu'est-ce qu'ils connaissaient de l'extérieur? Bien sûr, il avait fait la guerre, il avait été mutilé et elle se salissait au chevet des mourants; mais à part ça, ils menaient une existence terriblement privilégiée et protégée, loin de la crasse des rues et de la brutalité du monde... moi j'en savais un rayon sur la monde réel."

Nous suivons donc l'intrusion du héros dans cette famille dans une histoire un peu lente et répétitive dont on ne sait pas très bien ce que l'on doit en attendre.
Classé dans les romans policiers, le début du livre nous laisse penser qu'on va avoir affaire à une terrible vengeance, un complot bien orchestré. On reste forcément sur notre faim, car c'est avant tout un thriller psychologique où seules les dernières pages sont plus rythmées malgré une fin convenue. Une grosse déception.

Marvic - Normandie - 66 ans - 18 août 2013