Les religions meurtrières
de Élie Barnavi

critiqué par Saint Jean-Baptiste, le 22 août 2011
(Ottignies - 88 ans)


La note:  étoiles
Fondamentalisme religieux révolutionnaire... Attention danger !
Ce siècle ne sera pas religieux, comme le prévoyait Malraux, il sera le siècle des guerres de religions. Telle est l’avertissement de ce livre présenté comme un pamphlet. Un pamphlet destiné à secouer notre indifférence face au fondamentalisme religieux qui menace notre liberté, notre culture, notre avenir et celui de nos enfants.

Dans ce livre l’auteur analyse les rapports entre religions, société et pouvoir mais c’est surtout de l’Islam qu’il s’agit. Toutes les religions sont politiques et portent en elles la violence, nous dit l’auteur, et aujourd’hui la violence est l’apanage de l’Islam : l’Islam est impliqué dans tous les conflits du monde contemporain.
Dans la langue arabe c’est le même mot pour désigner loi et religion ; et tout pouvoir, s’il se veut légitime, ne consiste qu’à appliquer la Loi du Coran. Les rapports avec Dieu n’ont pas grand-chose à voir avec cette religion.

Parmi les vingt millions de musulmans installés en Europe, ils sont de plus en plus nombreux à refuser la légitimité de nos États laïques et la nouvelle génération refuse nos valeurs et se laisse séduire par le fondamentalisme religieux révolutionnaire, prôné comme valeur refuge, à ceux qui n’ont rien d’autre pour donner un sens à leur vie.

Et vous, Européens, nous dit l’auteur, vous refusez d’envisager les dangers :
« Façonnés par des siècles de rationalisme triomphant, amollis par une civilisation du bien-être (…), habitués par une paresse intellectuelle érigée en système à oublier ce qui vous gêne, jusqu’à renier les racines de votre propre civilisation, vous refusez d’envisager le péril qui vous menace... ».
Tel est le ton du pamphlet, et c’est bien envoyé !

Le modèle anglais qui consiste à tolérer toutes les pratiques religieuses sur son territoire, est le modèle le plus tolérant, mais il crée des ghettos, des apartheids, et il est voué à l’échec. Le bon modèle est l’Européen qui tente d’intégrer tous les immigrés et d’en faire des citoyens européens. Malheureusement les pays d’Europe, et la France en particulier, ne se donnent pas les moyens de leur ambition et l’intégration des populations musulmanes est un échec.

La République est bonne fille, nous dit l’auteur, mais elle doit apprendre à se défendre. Avec le fondamentalisme religieux révolutionnaire il n’y a pas de dialogue possible : « la civilisation ne dialogue pas avec la barbarie » et c’est à la République de poser les règles.

L’auteur est extrêmement pessimiste – disons plutôt qu’il est lucide – mais il termine néanmoins sur une note d’espoir : « l’arène du combat dans laquelle se gagne ou se perd l’âme du citoyen de demain est l’école (…) Les conditions de l’intégration par l’école sont loin d’être idéales (…) mais après tout, nous dit l’auteur, elles ne l’étaient pas non plus dans la France pauvre et rurale de Jules Ferry ».

Mon avis personnel est qu’il a mille fois raison. Notre héritage chrétien corrigé par les Lumières doit absolument être réhabilité par l’école et l’école doit redevenir le lieu où tous les enfants apprennent à se reconnaître autour de valeurs communes. Le combat sera difficile mais c’est le seul moyen de lutter contre « les identités meurtrières » et la plus meurtrière de toutes, l’identité religieuse fondamentaliste de l’Islam.

Ce livre écrit par un maître de religion et d’histoire à l’université de Tel-Aviv et président du comité scientifique du musée de l’Europe à Bruxelles, est incroyablement instructif pour qui s’intéresse aux vrais problèmes de notre temps.
Mise en garde contre le déni 8 étoiles

Œuvre d’un historien israélien ancien ambassadeur de France, qui a tenté d’approfondir l’histoire des religions révélées ou non, ce court essai à caractère pamphlétaire publié en 2006, réédité depuis, n’a rien perdu de son actualité, pour notre malheur. Sous un même terme les religions masquent une orthodoxie (des croyances), et une orthopraxie (des préceptes de vie) qui ont peu de choses en commun les unes avec les autres, voire rien du tout. Le fondamentalisme, l’intégrisme ont existé ou existent dans toutes les religions. Il prend un caractère révolutionnaire quand il s’accompagne de violence et vise à terroriser ses ennemis ou considérés comme tels.
Elie Barnavi s’adresse à la France, aux Européens et plus généralement à l’Occident. Il formule un avertissement et une mise en garde contre le déni de réalité propre aux démocraties, retenues par la liberté de conscience, les droits de l’homme, la bienveillance généralisée (« tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil »…). Notre esprit rationnel nourri des Lumières, notre organisation politique de séparation de l’Eglise et de l’Etat, notre discours et nos règles sur la laïcité n’ont aucun sens pour une grande partie du reste du monde qui ne partage ni nos valeurs, ni nos cultures, ni nos modes de fonctionnement, de surcroit qui n’en veulent pour rien au monde. Sa postface à l’appui de son argumentation revient sur les attentats meurtriers de 2015.

Colen8 - - 83 ans - 17 septembre 2016