Les enfants de Staline
de Owen Matthews

critiqué par CC.RIDER, le 12 août 2011
( - 66 ans)


La note:  étoiles
L'amour plus fort qu'un Rideau de fer
En 1937, dans l'URSS de Staline, Boris Bibikov, bolchevique convaincu et pur « homo sovieticus », se retrouve victime des purges. Il est arrêté et déporté au Goulag dont il ne reviendra jamais. Sa femme suit le même chemin et ses deux filles Lenina et Ludmila, trois ans, se retrouvent d'abord placées dans un orphelinat avant d'être séparées dans le chaos de la Seconde Guerre Mondiale. Toutes trois survivront à la tourmente après mille tribulations. Brillante étudiante puis documentaliste à Moscou, Ludmila rencontrera ensuite Merwyn Matthews, jeune prof anglais russophile qui sera rapidement expulsé d'URSS sans avoir pu se marier avec elle. Pendant cinq années, Merwyn devra se battre pour reformer leur couple, lui, étant interdit de séjour en URSS et elle, étant condamnée à rester pour toujours derrière le rideau de fer. Parviendront-ils à se rejoindre malgré toutes les difficultés ?
Une émouvante chronique familiale hors du commun qui est également une condamnation sans appel de 70 ans d'un régime inhumain. La saga débute dans les années trente, le temps de fer où la Révolution dévorait les meilleurs de ses enfants, le temps des exécutions d'une balle dans la nuque, le temps des famines organisés. Et elle s'achève après la chute du communisme dans les années 2000 avec le bling-bling et le capitalisme triomphant dans lequel se perd l'auteur, fils de Ludmila et de Merwyn, journaliste tiraillé dans sa dualité russo-anglaise. Cette saga foisonnante qui se perd un peu parfois dans les dérives du fils, reste toujours passionnante et apprend autant sur les années de plomb que sur la société russe d'aujourd'hui dont le plus russe des auteurs anglais est un fin connaisseur.