critiqué par Esperluette, le 20 juin 2002
(* - 52 ans)

La note: étoiles

Le Guignon

Stéphane Guignon a abandonné sa profession de banquier pour se consacrer à l’écriture. Cinq ans plus tard, le résultat est là: & (traduire « et », « esperluette », ou « shift 1 » si vous êtes informaticien. Je n'invente rien, c'est l'auteur qui le dit).
Il s'agit d’un court roman qui tombe à pic pour dénoncer un climat de désengagement social et politique. Rassurez-vous, cependant ; car, de politique, il n’en est presque pas question. Pas directement.
Le narrateur est un trentenaire inactif et paresseux, dont la seule activité consiste à s’abrutir de lecture et à empêcher les mouches de voler. Pourquoi ? Parce que sa mère en a décidé ainsi. Elle refuse catégoriquement de voir son rejeton s'épuiser au travail. Vous l’aurez compris, la « mamounette », est une militante communiste (plus ou moins convaincue, certes, mais il y va des opinions comme des habitudes…certaines sont tenaces !). Délivré de toute servitude, notre « héros », n’est pas loin de penser qu’il peut parfaitement vivre d'amour et d’eau fraîche. Trois femmes sont néanmoins nécessaires à son bonheur. Chacune aussi différentes qu'on puisse l'être. Il y a Esperluette, son alter ego féminin; Claire, l’ébéniste ; et Julie, la jeune cadre dynamique. Toute cette petite société égoïste s’active dans l’inconscience la plus totale. Pourtant, le monde est au bord de l'apocalypse…
Stéphane Guignon s'exprime dans un style contemporain qui n’exclu ni les idées fortes, ni l’humour. Il prend plaisir à jouer avec les mots et manie l’absurde de belle façon. Cela vaut bien un petit détour ! Avis aux amateurs.

NB: Le Guignon est une sorte de génie malfaisant employé dans les contes d'enfant pour signifier ou expliquer des contrariétés successives.