La lucidité
de José Saramago

critiqué par Exarkun1979, le 6 août 2011
(Montréal - 45 ans)


La note:  étoiles
La Lucidité
Lors d'une élection d'un pays quelconque, 83% des électeurs votent en blanc. C'est donc la panique et le gouvernement de ce pays décrète l'état d'urgence.

L'idée est géniale et le début est excellent mais c'est du milieu à la fin que ça se corse. La deuxième partie est extrêmement longue et ennuyante et vient gâcher l'histoire. L'écriture est parfois pénible et il est facile de décrocher. L'auteur a un style qui lui est particulier. Il n'y a aucun paragraphe ou presque dans les chapitres et il n'y a aucun point ou presque, seulement des virgules. Ça rend souvent la lecture très pénible. J'ai tenu bon et j'ai apprécié la fin.
Envoutant. 9 étoiles

Ce qui est sûr, c'est qu'un livre de José Saramago se mérite : adeptes des phrases courtes, tournez les talons, vous risqueriez d'être rebutés par ces longs pavés que sont les paragraphes de ses livres.

Passé cela, la lecture est envoûtement. Il faut accepter d'abandonner ce qu'on connaît ; les personnages n'ont pas de noms, une simple fonction suffit à les identifier. On entre dans un univers qui a des règles propres.

L'histoire est la suivante ; la capitale d'un pays non identifié décide à une écrasante majorité de voter blanc. Le pouvoir, plutôt autiste décide de déménager et de réprimer en proclamant la quarantaine de la ville cernée par l'armée. Pis, ils inventent une sorte d'histoire officielle que l'on raconte par médias interposés. Jamais, aucun dirigeant ne cherche à comprendre les rasions de ce non-choix. Et pourquoi le faire? Puisque la démocratie est le meilleur des systèmes.

En cette année d'élection, c'est une façon étonnante de regarder les débats. En tous cas, ce livre a le mérite de poser la question de la compréhension et des aspirations entre ceux qui gouvernent et ceux qui élisent.

Mastien - - 51 ans - 10 mars 2012


Saramago, coureur de fond de la littérature 10 étoiles

Saramago est, d'une certaine manière, le Claude Simon de la littérature lusophone. Il écrit d'un flot continu, comme on pense, comme on sent, comme un regard qui va se perdre sur un objet, une situation, un être, sans jamais oublier que tout ce qu'il touche va réintégrer la vie de son personnage et infléchir (ou non) le reste du récit. Rien du récit bien ordonné avec principales, subordonnées, ponctuation rigoureuse, étagères de concepts bien ordonnés, etc. C'est déroutant, sans doute et on a parfois l'impression de manquer d'air, d'être essouflé, mais la vie est ainsi faite : une pulsion continue où les vides comme l'apparente insignifiance d'un moment participent à sa trame. Je ne regrette qu'une chose, sa disparition...

Radetsky - - 81 ans - 2 septembre 2011