Sévices
de Ted Lewis

critiqué par Pietro, le 1 août 2011
( - 45 ans)


La note:  étoiles
Un sommet du roman noir
Je le dis franchement: j'ai failli arrêter la lecture de Sévices au bout de la vingtième page. J'avais l'impression de lire la suite d'un roman, sans que l'auteur fournisse une quelconque explication sur ce qu'il s'était produit avant. Je ne comprenais rien.
Le narrateur à la première personne est un roi du porno qui s'est exilé dans une station balnéaire britannique. Et dans les premières pages, il évoque plusieurs affaires et différents protagonistes, ce qui a le don d'embrouiller un peu le lecteur.
Le récit est découpé en deux parties qui se chevauchent tout au long du roman: le présent et le passé.
Dans le présent, l'auteur habite un pavillon perdu au bord de la mer et sombre peu à peu dans l'alcool et la folie.
Le passé nous permet de comprendre les raisons de ce basculement progressif dans la folie.
Au fil des pages, cette histoire de règlements de comptes entre truands s'éclaircit, l'intrigue prend forme, l'écriture de Lewis devient plus fluide, la tension monte, jusqu'au final époustouflant, un final complètement inattendu à la Shutter Island.
Il faudra plusieurs relectures pour saisir toute l'habileté et le talent de cet auteur, mort d'alcoolisme à l'âge de 42 ans. On comprend d'autant mieux pourquoi son anti-héros semble si vrai!!
Tellement noir qu'à côté, l'encre de seiche est blanche 9 étoiles

Un roman méconnu du grand public, mais en même temps, pas vraiment destiné au grand public. Clairement un des romans les plus noirs que je connaisse avec le "Quatuor du Yorkshire" de David Peace ("1974", "1977", "1980" et "1983") et "J'Etais Dora Suarez" de Robin Cook (lequel Cook, l'auteur britannique mort en 1994 et pas l'auteur américain de polars médicaux, a préfacé le livre de Lewis en France), "Sévices" est le dernier roman de Ted Lewis, auteur britannique méconnu mort en 1982 (et non pas en 1976 comme Cook le dit dans la préface, sans doute une erreur d'impression), et son roman précédent, là aussi contrairement à ce que Cook dit, n'est pas "Le Retour de Jack" (alias, désormais, "Get Carter"), mais passons.
Le roman est découpé en deux récits qui s'alternent de chapitres baptisés "La Mer" et "Le Brouillard" (surnom donné à Londres), les premiers se passent dans le présent, dans une petite station balnéaire anglaise où le personnage principal, George Fowler, truand chef de gang spécialisé dans la pornographie, se planque suite à de gros soucis, et les seconds se passent dans le passé récent et vont expliquer le pourquoi du comment de cette planque à la mer.
Chapitres courts (deux pages, souvent). C'est parfois, notamment au début, un peu nébuleux. C'est une vraie descente aux enfers qui se termine de la plus cinglante des manières. On n'arrive pas à lâcher ce roman avant de l'avoir fini, et ses 360 pages semblent n'en faire que la moitié (la brièveté des chapitres y est pour quelque chose, on ne cesse de tourner les pages du livre).
Excellent, mais vraiment d'une épouvantable noirceur.

Bookivore - MENUCOURT - 42 ans - 23 juillet 2023