Après la nuit
de Henri Meunier (Scénario), Richard Guérineau (Scénario et dessin)

critiqué par Dirlandaise, le 27 juillet 2011
(Québec - 68 ans)


La note:  étoiles
Un cavalier dans le lointain
Je trouve très agréable de lire une bande dessinée ou deux le soir lorsque trop fatiguée pour lire autre chose. J’ai choisi celle-ci car j’ai été conquise par la couverture particulièrement belle et réussie. Un personnage debout comme ça, tout seul dans un champ, son manteau légèrement soulevé par le vent et en arrière plan un arbre squelettique, tordu et dont les branches ressemblent à des bras se tendant vers le ciel en une prière ou plutôt une supplication, une demande de quitter ce monde dur et impitoyable pour accéder à un monde meilleur. Cela résume l’histoire d’une façon remarquable !

Passons à l’histoire justement. La première planche est magnifique. Je ne vous en dirai rien car vous la verrez en ouvrant l’album. Je vous laisse le soin de la découvrir. On se croirait dans un film de Terence Malik…Nous sommes en Oklahoma en l’année 1876. Les adjoints du sheriff de la petite ville de Bartlesville voient arriver un cavalier dans le lointain. En fait, c’est un homme qui tient en laisse un second cheval. Sur ce second cheval il y a deux cadavres. Manifestement, il s’agit d’un chasseur de primes solitaire. Il atteint la ville et sans dire un mot, il déverse sa cargaison puante aux pieds des hommes ébahis. Il se dirige ensuite vers l’hôtel de la ville sans même réclamer la prime. Le sheriff, intrigué par cet homme et désirant connaître son identité, va consulter le registre de l’hôtel et lit avec stupeur la signature laborieuse de l’inconnu.

Voilà pour le début. Habituellement, je n’aime pas trop les thèmes du Far West mais cette fois, j’ai été conquise par cet album qui véhicule certes tous les clichés du genre mais il faut lire jusqu’au bout car toute la force du récit réside dans sa conclusion où on découvre la véritable identité de l’homme énigmatique. Les dessins fort expressifs et les couleurs chaudes servent à merveille l’histoire. Les dialogues vont à l’essentiel, sans verbiage excessif mais je regrette un peu le fait qu’ils ne soient pas plus élaborés. J’aurais aimé plus de réflexions philosophiques savoureuses comme dans « Le Tueur ». Cela aurait ajouté une touche de poésie, de transcendance mystique, d’humanité qui aurait fait de cet album un véritable chef-d’œuvre. Pourtant, les premières pages annonçaient tout cela mais les auteurs n’ont pas suivi cette voie ou si peu. Les dernières pages sont cependant fort belles et émouvantes.

Bref, une excellente bande dessinée qui, sous des dehors convenus, renferme une histoire originale et une fin surprenante.
Un bon western 7 étoiles

Guérineau a eu une superbe idée, celle de se lancer dans le Western. Il nous montre là une nouvelle facette de son talent, loin de l'univers des Stryges auquel nous l'associons le plus souvent.

Dans cette version "noir et blanc", son dessin explose, à tel point que je n'envisage même pas l'achat de la version courante (je demande pardon par avance au coloriste) de peur d'être déçu.

Et comment passer à côté d'une telle bande dessinée, qui loin de revisiter les canons du genre, au contraire, en épouse les grands thèmes :

L'incipit, muet, m'a fait songer aux grands Westerns portés à l'écran, tels Il était une fois dans l'Ouest ; le shérif est le clone de Wild Bill Hickock ; le saloon transformé en bordel est plus vrai que nature ; et enfin même les auteurs n'ont pas oublié le duel final.

Bref dans le genre "comment faire du neuf avec du vieux", les auteurs ont pleinement réussi ce pari.

Un très bel album

Hervé28 - Chartres - 54 ans - 22 septembre 2012