Vermillon, Tome 1 : L'empire des damnés
de Laurent Chabin

critiqué par Calepin, le 19 juillet 2011
(Québec - 42 ans)


La note:  étoiles
Noir... trop noir
4e de couverture : Dans sa contrée sauvage, Garance n'a connu que la misère depuis sa naissance. Elle s'enfuit le jour où tous les Damnés, dont ses parents, sont tués et son village détruit par une horde de guerriers sanguinaires. Peu de temps après, elle tombe sous l'emprise d'un mystérieux personnage, sur lequel d'horribles histoires circulent. Elle parviendra finalement à se libérer de son tortionnaire. Mais ce dernier veille au grain... Garance retrouve alors par hasard un compagnon d'autrefois. Mais la joie des retrouvailles ne durera pas. La vie est rude: tortures et trahisons font partie du quotidien. Sans parler de la faim et de la peur... La révolte gronde. Combattant sans relâche un empereur cruel, Garance et plusieurs autres sont prêts à tout pour redonner au peuple sa dignité. Des pages de l'histoire de leur pays s'écrivent avec leur sang...

Mon avis : Sombre, sombre, sombre. Le roman de Chabin, basé sur la révolution russe (selon certaines sources) est d'une noirceur et d'un pessimisme lancinants qui m'a rappelé un peu l'univers glauque de Glen Cook. À chaque fois qu'un espoir naît, il meurt aussi rapidement, laissant derrière lui une plus grande désolation encore. Le personnage principal, une jeune fille nommée Garance, est née au sein des Damnés, une ethnie servile, affamée et fréquemment massacrée depuis des siècles. Elle-même, née du Bund, autre ethnie encore plus méprisée que les Damnés, n'est guère mieux servie. Elle cherchera à s'évader d'un mariage arrangé, vendue par ses parents contre de la nourriture, pour retrouver un ami enfance qui aurait rejoint un groupe de révolutionnaires.

Dans l'ensemble, le roman n'est pas si mauvais, mais il a beaucoup de lacunes, selon moi. Les conflits, particulièrement avec l'empereur et son entourage, ne sont pas explicites. On ne le voit pas, on ne l'entend pas, même dans la capitale. Dans un certain sens, ça donne une aura d'intouchable encore plus grande, mais ça ne m'a pas vraiment convaincu. Ça m'a plutôt donné l'impression qu'il manquait quelque chose, qu'un pan de l'histoire avait été laissé pour vide. La succession des scènes de faim, de souffrance et de désespoir devient aussi lassante. Tout le monde est maigre, un peu loqueteux, faible... Bien qu'en soi, elles donnent une couleur particulière à l'histoire, j'ai trouvé que ça manquait de subtilités. De plus, j'ai horreur des moments où la narratrice annonce à l'avance ce qui va se passer avec ce genre d'expression : je ne m'imaginais pas que la suite serait une véritable horreur. On passe d'une horreur toujours plus indicible à une autre et à un certain moment, le thermomètre à horreur perd de sa crédibilité. Je pense que le problème vient du fait que je ne sens pas vraiment la gradation, dans l'horreur. C'est terrible, dès le départ, alors c'est difficile d'en sortir. Toutefois, à titre de point positif, j'ai particulièrement apprécié l'inquiétant Efi, le moine qui prend sous son aile Garance.

L'ensemble donne une impression de roman jeunesse suicidaire ou de roman pour adulte un peu raté. C'est officiellement le second qui prime, mais à la lecture, je n'ai pas cette impression. Au bout du compte, je ne suis vraiment pas certain que j'ai envie de poursuivre la lecture. Je vais laisser de l'eau sous les ponts, mais je doute que ça change mon idée.