What a man !
de Georges Perec

critiqué par Lucien, le 10 juin 2002
( - 69 ans)


La note:  étoiles
Caramba!
De nouveau un très court texte de Georges Perec (Gargas Parac pour la circonstance…) La contrainte est simple et terrible : la seule voyelle employée sera le « a ». S’ensuit le récit en trois parties (prologue – flash-back & épilogue) des aventures d’Armand d'Artagnan, « crack pas bancal, as à la San A », qui, après avoir mis à l'ombre le hors-la-loi Andras Mac Adam & entre autres pour l’assassinat d'un certain Max van Zapatta - accumule les exploits jusqu’à ce qu’un « banal anthrax nasal » le fasse passer de vie à trépas. Un jeu, bien sûr, à prendre comme tel, et non comme un quelconque manifeste. Un jeu à jouer avec l'auteur. Un jeu où le lecteur teste un peu son vocabulaire, sa culture générale, son sens de l'humour. Un jeu facilité, dans cette édition, par les nombreuses notes expliquant jusqu’au moindre détail le lexique merveilleusement érudit de ce verbicruciste endiablé qu'était Georges Perec.
Un petit exemple valant mieux qu'un long discours, voici les premières lignes de «What a man!» : « Smart à falzar d’alpaga nacarat, frac à rabats, brassard à la Franz Hals, chapka d’astrakhan à glands à la Cranach, bas blancs, gants blancs, grand crachat d'apparat à strass, raglan afghan à falbalas, Andras MacAdam, mâchant d'agaçants partagas, ayant à dada l'art d'Allan Ladd, cavala dans la pampa.
Passant par là, pas par hasard, marchant à grands pas, bras ballants, Armand d'Artagnan, crack pas bancal, as à la San A, l’agrafa. Car, l'an d’avant, dans l’Arkansas. FLASH-BACK ! »
Faut-il s’étonner que le dernier mot du texte soit : « Abracadabra » ?