Dictionnaire des idées reçues
de Gustave Flaubert

critiqué par Lectio, le 4 juillet 2011
( - 75 ans)


La note:  étoiles
toujours d'actualité
Gustave FLAUBERT meurt subitement en 1880. Il laisse en chantier BOUVARD ET PECUCHET, ouvrage entrepris afin de brocarder la vanité de ses contemporains. Il envisageait d'ailleurs de sous-titrer son livre "encyclopédie de la bêtise humaine". Souhaitait-il mettre en appendice à BOUVARD et PECUCHET son DICTIONNAIRE DES IDEES RECUES ou en établir un ouvrage à part, aujourd'hui peu nous importe. Le dictionnaire est aussi inachevé. Pourtant l'existant mérite bien publication : quelques exemples :
-exception : dites qu'elle confirme la règle. Ne vous risquez pas à expliquer comment.
-fonds secrets :sommes incalculables avec lesquels les ministres achètent les consciences. S'indigner contre.
-libre échange : cause des souffrances du commerce.
-optimiste : équivalent d'imbécile.
-ouvrier : toujours honnête quand il ne fait pas d'émeutes.
etc... combien de ces railleries nous semblent contemporaines. L'histoire est un éternel recommencement pensait Flaubert. Lire cette ébauche de dictionnaire aujourd'hui lui donne raison. Quelle actualité ! dommage qu'il fut inachevé. Opuscule à savourer souvent.
Une satire des clichés d'une époque 10 étoiles

Même laissé inachevé, ce Dictionnaire traite d'un féroce sarcasme les clichés et réflexions toutes faites de l'époque de l'auteur. Le propos est incisif et très drôle, circonscrit au sens de la formule imposé par le format de la définition. Cette oeuvre reste assez courte, mais tout autant truculente, particulièrement par les amatrices et amateurs d'humour un peu vachard et d'esprit caustique. Cette lecture éveille utilement les esprits, en plus de les faire rire.

Veneziano - Paris - 46 ans - 17 octobre 2023


Plaisant 8 étoiles

Ce dictionnaire est une œuvre non-terminée de Gustave Flaubert. On saluera son humour, parfois un peu passé quand même ; mais on y trouve des merveilles :

- Agriculture : une des mamelles de l’Etat (l’Etat est du genre masculin, mais ça ne fait rien).
- Artistes : tous farceurs. Gagnent des sommes folles, mais le jettent par les fenêtres. Ce qu’ils font ne peut s’appeler « travailler ». La femme artiste ne peut être qu’une catin.
- Arts : Ca mène à l’hôpital. Sont bien inutiles – puisqu’on les remplace par des mécaniques qui fabriquent mieux et plus promptement-.
- Belge : il faut appeler les Belges des Français contrefaits – ça fait toujours rire.
- Bossus : généralement spirituels et recherchés par les femmes lascives.
- Cocu : toute femme doit faire son mari cocu.
- Ecrevisse : les écrevisses marchent à reculons. Toujours appeler les réactionnaires des « écrevisses ».
- Femelle : à n’employer qu’en parlant des animaux. Contrairement à ce qui existe dans l’espèce humaine, les femmes des animaux sont moins belles que les mâles. Citer des exemples : faisan, coq, lion, etc.
- Fossettes : on doit toujours dire à une jolie femme qu’elle a des amours nichés dans ses fossettes.
- Garde-côte : ne jamais employer cette expression au pluriel en parlant des seins d’une femme.
- Imbéciles : ceux qui ne pensent pas comme vous.
- Vins : sujet de conversation entre hommes. Le meilleur est le bordeaux puisque les médecins l’ordonnent. Plus il est mauvais, plus il est naturel.
- Visage : « miroir de l’âme », alors il y a des gens qui ont l’âme bien laide.

Catinus - Liège - 72 ans - 28 janvier 2020


Dictionnaire humoristique et contemporain 9 étoiles

Cette œuvre posthume de Flaubert m’a réconciliée avec ce dernier, qui m’avait mécontenté avec Madame Bovary. Après la lecture de ce roman, je pensais que Flaubert était un écrivain des plus conventionnels. Une aberration si l’on explore ce Dictionnaire des idées reçues.
J’arrive rarement à sourire ouvertement face à l’humour d’un écrivain, mais là, ce fut presque à chaque page. Son ironie dénote, et beaucoup de définitions sont très actuelles. Elles concernent surtout des mots issus du lexique politique, sociétal et médical, bien qu’elles soient bien diverses. Une petite sélection à mon tour :

« Œuf : point de départ pour une dissertation philosophique sur la genèse des êtres »
« Horizons : trouver beaux ceux de la nature et sombres ceux de la politique »
« Darwin : celui qui dit que nous descendons du singe »
« Epoque (la nôtre) : Tonner contre elle (…). L’appeler époque de transition, de décadence. »

Elya - Savoie - 34 ans - 6 décembre 2012