Cauchemars de sang
de Jean-Pierre Andrevon

critiqué par Kalie, le 3 juillet 2011
(Sarthe - 54 ans)


La note:  étoiles
Mauvais rêves
En 1986, Jean-Pierre Andrevon, figure de la science-fiction française, faisait son entrée dans la collection Gore avec ce numéro 26, « Cauchemars de sang ».

Gino, 19 ans, mène une vie misérable, succession de périodes de chômage et de boulots précaires. Il vit chez sa mère alcoolique. Son patron actuel, garagiste, lui crie dessus toute la journée. Le roman commence alors qu’il fait un cauchemar dans lequel il mutile sa mère avec un couteau dans sa cuisine. Le lendemain, il fait un autre cauchemar dans lequel il massacre son patron sur son lieu de travail avec une clef anglaise puis le brûle avec un chalumeau. A chaque fois, les cauchemars paraissent réels et Gino se réveille avec un mal de tête persistant. Puis c’est un couple de copains qu’il embroche et éventre à l’aide d’un tisonnier pointu alors qu’ils font l’amour dans un terrain vague. Sauf qu’à son réveil, Gino apprend qu’ils ont bien été massacrés. Réalité et cauchemars se mêlent. Gino est plus paumé que jamais…

Raconté comme cela, le récit ne parait pas exceptionnel mais grâce à son savoir-faire, l’auteur, nous offre un roman plein de suspense. D’où vient le ricanement que Gino perçoit avant chaque cauchemar ? Qui est ce petit vieux habillé de noir qu’il voit (rêve) ? Les cauchemars et les réveils de Gino sont particulièrement bien décrits. Les scènes gore (le livre n’en manque pas), très précises, sont impressionnantes :

« Il avait tellement frappé la vieille femme que son corps en tonneau était ouvert en deux, de la gorge au bas-ventre, à la manière d’un bœuf à l’abattoir. En haut du thorax, à travers le ricanement jaune des côtes, la matière spongieuse des poumons éventrés laissait filtrer des grappes de bulles rosâtres qui explosaient à mesure qu’elles germaient. Le cœur se voyait sous l’enveloppe déchiquetée du poumon gauche, un fruit vernissé, qui se rétractait encore. Sous la masse grumeleuse du foie cirrhosé, entre des falaises de graisse palpitante, un écheveau de gros vers gris s’était dénoué, pour venir ramper hors de la cavité béante… ».

C’est un excellent roman, avec, notamment, une fin très réussie. A noter que l’illustrateur Dugévoy, visiblement en pleine forme, signe ici, la couverture la plus gore de la collection. Âmes sensibles s’abstenir.