Joseph
de Jean-Paul Andrieux

critiqué par Sahkti, le 2 juillet 2011
(Genève - 49 ans)


La note:  étoiles
Retrouver les gestes
"Jean-Paul Andrieux habite sous un toit de Paris, dans une chambre aux murs couleur de mangue mûre, légèrement passée". La biographie de quatrième de couverture donne le ton, belle et mystérieuse, à l'image de la plume de l'auteur qui nous entraîne dans un huis-clos dramatique, au fil des instants du quotidien d'un homme qui peu à peu affronte la réalité des choses, dans tout ce qu'elle peu avoir de dramatique.
Car Joseph rêve et chaque nuit, le rêve revient, avec l'inévitable oubli des détails au réveil. Pourquoi ne pas dès lors créer un rituel qui voudrait que sur la table, on fasse disparaître un jour le pain, puis le miel, le vin ou le fromage, bouleversant des habitudes afin de réveiller les souvenirs et donner enfin naissance à ce songe qui risque cependant d'ébranler pas mal de certitudes.
Et puis il y a elle, souvent absente, avec laquelle Joseph va confronter ses envies. Elle qui oublie parfois de poser le couteau mais qui tire sa chaise avant qu'il ne passe à table. Elle toujours là en réalité.

Une poésie sobre, sensible et très humaine qui dresse en quelques mots les tableaux d'une vie qui se cherche et va se trouver en passant par un processus de reconnaissance. A travers des petits gestes, un rituel immuable, la reconnaissance se transforme en renaissance, voire en naissance tout court et si une histoire s'achève, une autre débute à travers elle. Le "je ne peux pas" se mue en "je peux", après un lent et douloureux processus dans lequel le lecteur prend part à sa façon, tant les émotions ressenties par Joseph sont perceptibles.
Dense, forte... une poésie qui accroche et remue le coeur.