Du statut social
de Alain de Botton

critiqué par Dirlandaise, le 1 juillet 2011
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
Les choses simples de la vie
Alain de Botton n’est pas un sociologue ni un ethnologue, il est romancier, essayiste et journaliste. Ce livre n’est donc pas un ouvrage écrit par un auteur possédant une solide formation dans le domaine des sciences humaines et cela transparaît malheureusement tout au long du livre. La lecture est agréable mais cela demeure de l’écriture journalistique. Ce n’est pas un mauvais livre au contraire, il est fort intéressant mais il manque de profondeur et d’analyse solide comme je l’espérais.

Comme son titre l’indique, le livre de monsieur Botton traite du statut social et du conformisme. À toutes les époques de l’humanité, certains esprits forts et indépendants ont combattu les idées toutes faites et ces anticonformistes se sont exprimés principalement par le biais de la philosophie, de l’art, de la politique, du christianisme et de la bohême. Un chapitre est consacré à chacun de ces domaines. J’ai particulièrement aimé le chapitre sur la littérature où il est question des classes sociales et du snobisme dans certains ouvrages tels que « Mansfield Park » de Jane Austen, « Le père Goriot » de Balzac, « La foire aux vanités » de William Thackeray et « Jude l’obscur » de Thomas Hardy pour n’en citer que quelques-uns. Celui sur la bohême à la toute fin a aussi retenu particulièrement mon attention. Il y est question de certains mouvements prônant la liberté de pensée et un système de valeur différent de celui de la bourgeoisie comme par exemple le dadaïsme. Ces mouvements n’ont pas duré longtemps mais ils sont significatifs d’une volonté de transcender les vils considérations matérielles afin d’accéder à une vie spirituelle plus élevée que ce que la société matérialiste peut offrir.

Il peut paraître étonnant de retrouver le christianisme parmi les cinq courants de pensée hors normes mais la religion libérait les hommes des contraintes matérielles et leur donnait une vision du monde embellie et consolatrice. Elle constituait une échappatoire à la misère matérielle des classes sociales pauvres et leur conférait un statut social moins pénible à endurer car la vraie vie commençait après la mort.

Certains peintres comme Jean-Baptiste Chardin peignaient les choses simples de l'existence alors que la plupart de leurs collègues choisissaient leurs sujets chez les rois et la noblesse. Les peintres anticonformistes voulaient ainsi renverser le système de valeur en place et inciter les hommes à plus d’humilité et d’émerveillement devant les beautés simples de la vie et des objets du quotidien.

C’est un livre qui, bien qu’exposant ce que tout le monde sait, porte à réfléchir sur notre façon d’aborder la vie et les gens qui nous entourent. Il nous incite à voir au-delà des apparences et à nous concentrer sur la vraie richesse qui est intérieure. Je sais, cela fait cliché mais demeure toujours vrai et il est agréable de lire de tels propos aussi nobles et désintéressés. L’âme s’en trouve vivifiée et la vie nous semble soudain moins laide.

Un livre grand public fort bien documenté mais qui me laisse une impression de facilité irritante comme si tout ce qui a été écrit, je le savais déjà… Je m’interroge encore à savoir si je viens de lire un traité d’histoire, de philosophie, de psychologie ou de théologie. C’est tout cela mais sans vraiment l’être…

« La philosophie, l’art, la politique, le christianisme et la bohème n’ont pas cherché à supprimer toute hiérarchie sociale ; ils ont tenté d’instituer de nouvelles sortes de hiérarchies fondées sur des valeurs qui s’opposent à celles de la majorité. Tout en maintenant fermement une distinction entre le succès et l’échec, le bien et le mal, ce qui est honteux et ce qui est honorable, ils se sont efforcés de corriger notre appréciation de ce qu’on peut légitimement juger relever de ces importantes notions. Ils ont ainsi contribué à conférer une légitimité à ceux qui, à chaque époque, ne peuvent ou ne veulent se conformer docilement aux critères dominants de réussite, mais qui méritent peut-être tout de même d’être rangés dans une autre catégorie que celles des « perdants » ou des « ratés ».
Comment se sentir « à sa place » 8 étoiles

Le livre est une démonstration rigoureuse des causes et des remèdes à l’anxiété due au fait de ne pas « être à sa place » dans la société, à l’angoisse de ne pas être reconnu à sa juste valeur, à la peur de ne pas être conforme.

L’auteur montre les différences de conception du statut social au cours des siècles et aussi comment faire en sorte d’être bien dans sa peau actuellement. Il distingue 5 causes à notre anxiété face à l’obligation contemporaine de réussite et propose 5 solutions pour accepter sereinement notre positon.

Le texte, dans un langage très clair, sans jargon inutile, est émaillé de nombreux exemples puisés à différentes sources, auprès d’écrivains, économistes, philosophes ou autres penseurs, qui vont de l’antiquité à nos jours. Des tableaux, des caricatures, BD ou publicités illustrent aussi ses propos et en rendent la lecture encore plus agréable et instructive.

L’intérêt vient du rassemblement de cette somme de remèdes hétéroclites, mais qui ont tous le même but, et dans laquelle chacun peut puiser s’il a le courage, l’envie, la volonté (?) de sortir du courant dominant qui (ou si il) l’épuise.

IF-0711-3751

Isad - - - ans - 3 juillet 2011