Truismes
de Marie Darrieussecq

critiqué par Nevermore, le 3 juin 2002
(Rennes - 42 ans)


La note:  étoiles
ouais,bof
Truismes est un bouquin paru en 1996 qui a été apprécié par beaucoup et qui est le plus connu et paraît-il le meilleur de cet auteur. C'est l'histoire d'une femme qui se métamorphose en truie.
Je l'ai lu en deux secondes, car c'est très court et très simple. J'ai eu une drôle d'impression, très étrange,comme si y'avait pas de décors (bizarre bizarre) et que c'était bien vide. Plus inquiétant encore : je n'ai pas bien réalisé ce que l'écrivain voulait dire et j'ai un peu lu ce livre comme un billet de train. Je l'ai peut être lu trop vite ou bien je suis un peu idiot? Pourtant je l'ai vu à la télé M.Darrieusseq, elle était gentille, elle nous montrait la déco de son appartement et ses sachets de thé préférés. J'ai aussi lu une interview où elle disait que dans son enfance elle jouait à "apostrophes" avec ses poupées. Alors je me suis dis "hou la la, ça sent le roussi...". Mon idée n'est pas qu'un écrivain doit être un antisocial, mais qu'il vise l'essentiel, malgré un désordre (parfois) apparent. Mais pour me faire vraiment une idée je vais ouvrir d'autres livres de Darrieussecq, car je fait certainement erreur.
Un récit qui tient très bien la route 9 étoiles

La narratrice, assez esseulée, finit par trouver un emploi dans une chaîne de produits cosmétiques où elle devient une excellente employée mais aussi pas mal exploitée. Jusqu’au jour où elle se rend compte que son corps se met à se métamorphoser. D’abord ces petites tétons qui lui poussent en dessous des seins ; ensuite elle se surprend de plus en plus souvent à pousser des grognements ; les sandwichs au jambon et les rillettes la rendent malade jusqu’aux vomissements, elle leur préfère d’ailleurs les patates crues, etc. Bref, il faut bien se rendre à l’évidence : elle se transforme en … truie.

Bon, soyons clair : il faut avoir le cerveau quelque peu tordu pour concevoir et engendrer une histoire pareille. Comme il faut être, sans doute, un sacré vicelard pour en apprécier la lecture. Perso, je prends !
Marie Darrieussecq tient très bien la route avec son récit ; elle aurait eu cent fois l’occasion de se fourvoyer.
Bravo !



Extraits :


- Je ne pouvais plus manger de sandwich au jambon, cela me donnait des nausées, une fois même j’avais vomi au square. Ça faisait mauvais genre.

- Comme il parlait arabe la conversation n’était pas un problème, on ne se disait rien, on se faisait des signes, on s’aimait bien.

Catinus - Liège - 73 ans - 13 octobre 2014


Temps perdu 2 étoiles

En règle générale, les livres qui ont mauvaise presse seraient de ceux que j'ai envie de lire en premier !
Cependant, lorsque ce livre est paru, il ne m'emballait pas plus que ça. J'ai donc "attendu" jusqu'à aujourd'hui pour le lire.

Finalement, je rejoins la plupart des critiques qui sont faites sur ce forum. C'est un livre qui a une accroche sympa et originale, mais qui s'embourbe très vite dans du n'importe quoi, sans véritable trame intéressante. Marie Darrieussecq y déverse sa pseudo imagination fantasma-puéro-érotico-sensationnelle...que pas même la fin ne sauve.

Certains pensent que ce livre est bon à lire pour attendre, ou dans un train avec les longues heures de trajet ? A chacun son truc pour attendre, mais lire ce livre est tout de même du temps perdu... pour pas grand chose !

Didoumelie - - 52 ans - 27 décembre 2011


Ni queue ni tête (de cochon) 3 étoiles

La narratrice, jeune femme ordinaire et superficielle, partage sa vie routinière entre son travail de démonstratrice masseuse dans une grande parfumerie et le logement de son compagnon, Honoré, rencontré à l’Aqualand. Rapidement, elle nous confesse une bien étrange histoire : sa propre métamorphose en truie. S’ensuit une série d’événements rocambolesques.
L'élément fantastique inhérent à l'histoire d’une métamorphose est très vite évacué dans un réalisme de l'absurde. Les personnages ne s'étonnent pas de l'état de la narratrice, pas plus que la narratrice elle-même. Elle les dégoûte quelques fois mais ils l'acceptent.

L’auteur est plein d’ambition pour sa narratrice-truie. Le roman commence ainsi : « Je sais à quel point cette histoire pourra semer de trouble et d’angoisse, à quel point elle perturbera de gens. Je me doute que l’éditeur qui acceptera de prendre en charge ce manuscrit s’exposera à d’infinis ennuis. »
Ces premières phrases sont pleines de mystères et de promesses romanesques. Malheureusement le lecteur va vite déchanter. Si l’éditeur ne risque aucunement des ennuis, le lecteur, lui, est confronté rapidement à l’ennui, pris d’une désagréable sensation. Comme dans les propos d’un fou, l’histoire, écrite d’un trait, manque de perspective et de cohérence. Une histoire qui n’a ni queue ni tête.

D’aucuns ont parlé de pauvreté du style ; nous, nous avons vu clarté dans la narration, langue faussement triviale et agréable. Pas suffisant pour racheter un roman trop sage, écrit en seulement 6 semaines, et qui manque cruellement d’humour et d’imagination.

Ravenbac - Reims - 59 ans - 7 janvier 2011


Miss Piggy 5 étoiles

Les mauvaises critiques presque unanimes m’ont amené à lire ce bouquin. Étrange tout de même qu’un phénomène de librairie soit autant détesté ? Peut-être en raison de quelques scènes « crade » ? Si l’idée de cette métamorphose femme/truie est originale et jouée avec beaucoup d’humour parfois, l’intérêt de la fable s’estompe par une symbolique éparpillée, un surréalisme trop prononcé et une finale en queue de poisson (ou en queue de cochon ?)

Dans toute fable, il faut qu’une certaine morale s’impose. Je ne la vois pas. Pourtant, il y’avait là la possibilité d’explorer la notion de confiance en soi. Comment certains s’autodétruisent volontairement, deviennent esclave de leur entourage. En somme, un autre roman qui avorte.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 7 mars 2008


Un peu passé à côté... 5 étoiles

Truismes est de ces titres aguicheurs qui font qu'on a envie d'aller voir ce qui se cache sous la couverture. Mais une fois franchi ce cap, on est confronté au style (faussement) naïf de l'héroïne. Elle nous décrit sa vie de vendeuse (un peu spéciale) dans une parfumerie. Métro, boulot dodo, une vie que rien ne semble perturber ni pimenter jusqu'au jour où elle verra son corps changer progressivement. D'un peu replète, c'est en véritable truie qu'elle va se transformer et nous emmener dans des délires surréalistes. Jouant de ses deux identités, elle vivra mille aventures rocambolesques.
Mais je suis cependant passé à côté de ce roman, ne me suis jamais senti vraiment concerné par cette fable. Trop de délires tuent le délire. Durant la deuxième moitié du livre, j'ai vraiment ressenti une accumulation, comme si Marie Darrieussecq ne pouvait plus s'arrêter d'en rajouter à la grosse cuiller. La première moitié, celle où l'héroïne prend conscience de son nouveau corps, de sa métamorphose est plutôt drôle et réussie. Quant au message qui ressort en filigrane de ce court roman, à savoir que le monde des humains serait le plus bestial, l'idée a, me semble-t-il, déjà été mieux exploitée par d'autres auteurs.

Nothingman - Marche-en- Famenne - 44 ans - 5 juin 2006


Pas extraordinaire mais original ! 5 étoiles

Truismes n'est pas un livre qui restera dans la littérature mais au moins c'est un livre que l'on n'oublie pas. Je l'ai lu, il ya pas mal de temps, et force est de constater que je m'en rappelle encore très bien. L'idée de départ est très originale et ce livre est bien écrit. Ce roman se dégrade petit à petit pour finir dans une histoire inintéressante.

C'est tout de même un petit livre qui se laisse lire facilement. Je le conseille à quelqu'un qui partira au bord de l'eau et qui a un moment pour flemmarder.

Tchico2 - Labenne - 49 ans - 17 février 2006


Bof 1 étoiles

Les quelques premières pages de ce livre sont accrocheuses et puis l'histoire sombre dans le n'importe quoi, assez mal écrit de surcroît. Et dire que l'on avait présenté Marie Darrieussecq comme une nouvelle étoile dans le ciel de la littérature française. La voie lactée ne s'en est pas encore remise.

Maria-rosa - Liège - 69 ans - 9 septembre 2005


Une histoire folle et invraisemblable ! 3 étoiles

L’héroïne nous livre son histoire, sa métamorphose physique temporelle en truie, oui, vous avez bien compris !
Il a été difficile pour moi d’adhérer au récit dans sa 1ère moitié, ensuite je me suis laissée prendre au jeu de cette histoire folle. La descente aux enfers de cette femme se métamorphosant est dérangeante, l’écrivaine n’hésite pas à choquer. Un drôle de roman !

Ichampas - Saint-Gille - 60 ans - 8 septembre 2005


Le culte du ridicule 1 étoiles

Darrieussecq se complaît-elle à son propre ridicule ? Si elle était intelligente, on pourrait croire qu’elle ne s’en cache pas. Mais on n’est pas sûr que les puérilismes de sa prose, la gaucherie immature de son style (quelque chose qui évoque toujours un peu l’effort ahané du potache qui recherche l’effet en tirant la langue au-dessus de sa copie), les métaphores alambiquées, l’imagination infantile, etc.. que tout ça soit voulu.
Son filon serait plutôt la littérature jeunesse. Mais, que voulez-vous ? elle s’obstine à vouloir écrire aux grandes personnes !
Voulu ou pas, elle maintient ce « style » dans son nouveau texte, « Le Pays », à sortir (cf. quelques pages en lignes sur le site de son éditeur P.O.L.) : elle y court, « tam, tam, tam, tam. Ignorante de ce qui se passait, je courais. Tam. Tam. Tam. Tam. … Les arbres passaient à mes côtés, flap flap flap flap» etc.. Ces premières pages ont un vrai goût de remplissage, mais si vous aimez les onomatopées choisies, n’hésitez pas !

Dominiq - - 60 ans - 17 août 2005


idéal pour le train c'est sûr 5 étoiles

On est intrigué par le titre
On suit, non sans intrigue, cette incroyable métamorphose (là il faut être franc, on visualise parfaitement la mutation de ce corps porcin)
On est emporté au fil des mots (où trouver le temps du répit dans ce texte en bloc?)
On relève la tête et on se demande : quel propos tiendrai-je en société lorsqu'on parlera de ce bouquin?
Puis le train arrive en gare, on referme le livre...
Marie Darrieussecq a le mérite de faire passer le temps perdu dans les transports en commun... c'est déjà un mérite... que certains n'ont pas.
Mais lorsqu'on aura à l'évoquer en soirée mondaine... on retournera chercher de ces délicieux petits fours...

Ana-ïs - - 40 ans - 20 mai 2005


La seule chose... 2 étoiles

...qui m’a poussé à lire et à terminer ce roman, c’est que dans mon train, je n’avais rien d’autre à lire.

Recommandé quelques mois plutôt par un ami, et seul ouvrage retenant mon attention dans le triste kiosque de la gare où j’attendais mon train, je me suis décidé à débourser quelques francs, heureux à l’idée de passer un peu de bon temps.

Las…

Aussi savoureux que le sandwich club vendu sur le quai de la gare, aussi goûteux que le café lyophilisé servi dans le wagon.

Manu55 - João Pessoa - 51 ans - 24 novembre 2004


Etrange fable 7 étoiles

J'ai lu ce roman loin de la tempête médiatique de l'époque (il a quand même été traduit en trente langues pour trente-quatre pays!), c'était le premier roman de l'auteur et mon premier contact avec elle, et l'aventure m'a plu dans l'ensemble.
J'ai aimé cette femme, qui se raconte naïvement, qui se transforme d'employée "qui fait des cochonneries" ...en truie..., qui doit assumer ses pulsions animales dans un monde qui se révèle finalement beaucoup plus bestial qu'elle ne sera jamais. Cette métamorphose, qui débute dans le succès (comme elle devient appétissante!), entraînera ensuite son rejet de la part d'une société qui est décrite bien crûment.
J'ai préféré la première partie, qui nous conte son changement d'état, les errances qu'elle connaît par la suite sont parfois un peu tirées en longueur.
J'ai par contre souri plus d'une fois quant au choix du vocabulaire, tellement adéquat à l'état de la narratrice.
Un bon moment de lecture pour moi.

Nirvana - Bruxelles - 51 ans - 24 novembre 2004


On peut effectivement s'en dispenser 1 étoiles

Je rejoins Balamento sur les dernières lignes, j'ai rarement lu quelque chose d'aussi inintéressant que ce bouquin, et pourtant, j'en vois passer, croyez-moi.
Une parenthèse pour dire à Balamento que j'ai beaucoup apprécié sa diatribe, fort réjouissante sur les capacités à disserter de Lucien...

Colomba - Bonifacio - 56 ans - 22 octobre 2004


L'art de la critique ? 4 étoiles

Il n'est pas de mon habitude de critiquer les critiques, mais une fois n'est pas coutume, soyons fous.

Je reste béat d'admiration devant celle de Lucien qui en une quinzaine de lignes, d'entrée en matière, nous expose quelques références joliment évidentes pour signaler la touche absurde et inquiétante de ce roman.

Béat d'admiration de cet effet glissé qui nous emmène de Kafka en passant par Ionesco jusqu'à Truismes, sans que l'on s'en rende tout à fait bien compte, ni que l'on sache s'il s'agit là d'une filiation de lard ou de cochon...

Quinze lignes auraient pu être suffisantes pour donner la distance entre Truisme et Kafka ou Ionesco, mais bon passons, une critique est aussi faite pour être plaisante à lire et Lucien semble en avoir parfaite conscience.

Lucien nous apprend ensuite deux trois détails que ni moi ni vous n'aurions pu dénicher seuls... Le titre est joli, il s'agit du premier roman de l'auteur, une jeune femme qui a lu Kafka et Ionesco (comme vous ou moi très certainement, mais peu importe).

Bref, après cette mise en bouche, Lucien entre dans le vif du sujet (Lucien a mis des étoiles au roman, il l'a donc apprécié et nous en parle, c'est logique). Et là l'on apprend qu'il y a une bête en nous (oui me dis-je, il y a une bête en nous). Et, et, et ce roman parle de cette bête qui est en nous et laissera une trace durable. Je ne résume là qu'à peine ce que nous apprend Lucien, sachant fort bien que je risquerais sinon d'amoindrir sa prose.

Et tout à coup un argument nous est délivré, la réussite dès la première phrase du roman : « Je me doute que l’éditeur qui acceptera de prendre en charge ce manuscrit s’exposera à d’infinis ennuis. La prison ne lui sera sans doute pas épargnée… ». Je me dis alors que bon, ça n'est pas grave, ça n'est qu'un premier argument... parce qu'ayant lu le bouquin, l'effet d'annonce et d'accroche sulfureuse dont use Marie Darrieusecq m'a bien vite paru usurpé (sans même aller comparer avec d'inconnus auteurs publiés par de tout aussi inconnus mais courageux éditeurs, sans même aller chercher trop loin donc). Je me dis que ça n'est qu'un premier argument et que Lucien s'adresse ou appâte quelque peu le potentiel lecteur de Truismes (on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre, c'est bien connu).

Viens alors le second argument, à la page 100 : « J’ai cherché partout mais sans doute les clochards étaient partis le long des rails comme ils en parlaient souvent. Moi, le bout des rails, ça me faisait rêver. ». Là Lucien voit du réaliste et du fantastique (c'est un argument troublant, ma raison et mes neurones en tremblent encore), et profite pour en placer une référence "entre Simenon et Badbury". Deux auteurs que Lucien a lu, peut être pas vous, mais on s'en fout, ils sont placés (et placé c'est joué !) et marie D se trouve entre ces deux gars là. Vous m'en direz tant ! Je suis un peu déçu de ne pas être sensible à cette image des clochards et du bout des rails qui fait rêver, mais sans doute l'univers poétique de Lucien me reste-il encore quelque peu flou, quelque part entre le bourgeois gentilhomme et peau d'âne.

Bref, deux arguments, ça n'est pas si mal que ça pour une avis sur un bouquin "feuilleté"... Quelques lignes nous apprennent ensuite qu'en bon critique Lucien sait pouvoir être jaloux de ne pas avoir écrit ce qui parfois l'éblouit dans ses lectures. Mais dans Truismes, non, il n'est pas jaloux. On en déduit que Lucien a sans doute une plus belle plume que Marie D (chose amusante s'il en est !). Et en final nous apprenons que ce roman que Lucien a apprécié (à moins qu'il ne se soit trompé en lui attribuant les étoiles) est fabriqué d'un style simple et non chaotique, avis appuyé d'une référence culturelle en passant (ça ne mange pas de pain) : le degré zéro de l'écriture, et qu'il s'agit donc bien là d'un bon livre au sujet profond et au style simple. Oui, deux arguments ça n'est pas si mal, mais vu leur qualité c'est un peu dommage de s'en arrêter là.

Puis suit une grosse vingtaine de lignes où Lucien se défoule quelque peu sur son désaccord avec des critiques déjà émises, sans plus nous parler du roman, en plaçant néanmoins à nouveau quelques références mignonnes de ci de là, et en s'achevant et se vautrant dans une requête formidable visant à faire retirer du site une critique lui semblant trop peu étayée et trop peu à son goût et qui plus est oeuvre d'une personne ne s'étant pas inscrite sur le site.

Tout ça juste pour dire que cette critique effectivement est non seulement vide, mais qu'en nous parlant autant de Lucien et si peu de Truismes ou de Marie D, je me demande pourquoi elle figure encore sur le site (l'humour me perdra).

Sinon, que dire de Truismes, si ce n'est que ce bouquin m'est tombé des mains peut être pour la simple raison de son vide de sens et de la piètre qualité de l'ensemble des phrases qu'il contient, celles citées précédemment parlant d'elles mêmes.

Balamento - - 60 ans - 22 octobre 2004


Piggies and Co 9 étoiles

Qui ne se souvient de la chanson des Beatles intitulée « Piggies » ? Elle figurait sur le double blanc et nourrissait l’imaginaire inquiétant de Charles Manson, le meurtrier de Sharon Tate. « Have you seen the little piggies crawling in the dirt… »
Qui ne se souvient de “La métamorphose” de Kafka où un gentil garçon se transforme en insecte géant (cloporte, scolopendre, larve innommable?) sous les regards horrifiés de ses proches ?
Qui n’a frissonné à la lecture de « La Truie » de Thomas Owen, quand il comprend que le narrateur a passé la nuit avec une truie métamorphosée en femme (ou l’inverse) ?
Qui n’a gardé en mémoire la fin de « Rhinocéros » d’Ionesco, quand Bérenger lui-même hésite entre son humanité et la « rhinocérite » qu’il sent sur le point de le gagner ?
Celui-là ne peut que se sentir interpellé par ces « truismes » (le beau titre, le joli réemploi !) où Marie Darrieusecq, à trente ans, dévoile dès son premier roman (ce qui est normal, après tout), un talent original et pourtant nourri de toutes ces références.
Il y a du loup-garou dans ce personnage étonnant de femme truie. Du Dr Jekyll et du Mrs Hyde. La bête est en nous. Qui l’ignore vraiment ? Mais qui ose la regarder en face, l’accepter, voire l’adopter ? Marie Darrieusecq nous y invite. Il n’est pas facile d’oublier ce voyage… Et c’est l’un des critères, peut-être, d’un bon livre : laisser une trace durable. Les autres ? Bon, il n’y en a pas d’autres, j’ai beau chercher. Ou alors des tests.
Celui de la première page ? Réussi : « Je me doute que l’éditeur qui acceptera de prendre en charge ce manuscrit s’exposera à d’infinis ennuis. La prison ne lui sera sans doute pas épargnée… » L’intérêt est créé, d’emblée.
Celui de la page 100 ? Réussi. « J’ai cherché partout mais sans doute les clochards étaient partis le long des rails comme ils en parlaient souvent. Moi, le bout des rails, ça me faisait rêver. » On est dans une ambiance à la fois réaliste et fantastique, quelque part entre Simenon et Badbury.
Celui de la minute (trouver en 60 secondes chrono une phrase que l’on aurait eu envie d’écrire soi-même) ? Bon, ça c’est moins bon, enfin de mon point de vue. Mais feuilleter ce livre révèle un style détaché, un « degré zéro de l’écriture » qui explique qu’aucune phrase ne sorte du lot. Un style simple pour un sujet fort, c’est sans doute ça un bon livre. Alors que beaucoup diluent un sujet faible dans l’acide d’un style compliqué.
Enfin, ce n’est pas mon habitude de critiquer les critiques des autres, mais je ferai trois remarques sur celle de Nevermore : d’abord, la brièveté n’est pas un obstacle à la qualité (par exemple, « La chute » de Camus est un récit court et pourtant un grand livre) ; ensuite, un livre « vide » et « sans décors » peut valoir par sa puissance d’évocation, de suggestion. « Elephant » est un film très « vide » sur le massacre de Columbine, qui en dit peut-être plus que le très « plein » « Bowling for Columbine » ; enfin, que la qualité d’un auteur puisse être appréciée en fonction d’une interview télé où il est question de sachets de thé me laisse perplexe. J’y verrais plutôt, pour ma part, le signe que Marie Darrieusecq joue moins (ou moins bien) la comédie que certains auteûûûrs qui, du plus haut de leur HHHHauteûûûr, se croient obligés de pontifier sous peine de tomber de leur piédestal.
Quant à l’appréciation courageuse et normative que je recopie entre parenthèses (« Nevermore disait dans sa critique "Pourtant je l'ai vu à la télé M.Darrieusseq, elle était gentille, elle nous montrait la déco de son appartement et ses sachets de thé préférés." Bon, il y a plus de littérature la dedans que dans tous les bouquins ultra hypra cool parisiens de MD... »), j’estime qu’elle devrait être balayée du site comme toutes celles qui sont enregistrées sous pseudo « anonyme ». Que les lecteurs aient au moins le courage de leurs opinions…

Lucien - - 69 ans - 16 décembre 2003


Litterature ? 2 étoiles

Nevermore disait dans sa critique "Pourtant je l'ai vu à la télé M.Darrieusseq, elle était gentille, elle nous montrait la déco de son appartement et ses sachets de thé préférés." Bon, il y a plus de littérature la dedans que dans tous les bouquins ultra hypra cool parisiens de MD...

Anonyme - - - ans - 4 septembre 2003


UN CONTE SOMBRE ET MORAL 8 étoiles

Sous couvert de fantastique (une femme se métamorphose peu à peu en truie) et d'anticipation (l'histoire se situe dans un avenir plus ou moins proche en France), Marie Darrieussecq nous parle avant tout de notre époque, de cette fin de siècle. La déshumanisation de la femme décrite ici n'est finalement que le résultat et la concrétisation d'une déshumanisation de la société toute entière où on s'habitue à l'inacceptable, à l'intolérable et la façon dont la narratrice (la femme-truie) rapporte ces faits est encore plus inquiétant et effrayant que les faits eux-mêmes en ce sens qu'elle n'en fait pas grand cas. Marie Darrieussecq transforme ce constat réaliste et pessimiste en conte moral. Troublant.

Teacher - Pulnoy - 58 ans - 5 juillet 2002


Déroutant.... 8 étoiles

Truisme est certes un livre un peu particulier. Ce qui a fait son succès en 1996, six seulement mais ça paraît si loin déjà, c'est son ton novateur dans une littérature française quelque peu engoncée dans un certain classicisme. Darrieussecq a donné un coup de pied dans la fourmilière, ouvrant la voie à d'autres auteurs tels que Houellebecq ou Gavalda.

Patman - Paris - 62 ans - 4 juin 2002