Le printemps des pères
de Henri Husetowski

critiqué par Ddh, le 23 juin 2011
(Mouscron - 84 ans)


La note:  étoiles
Un livre prenant et à nul autre pareil
Le printemps est le temps du renouveau, comme un adolescent qui se découvre. Les pères ? Ils sont absents pour Ludovic et Gaëtan ; normal : 1942, c’est la guerre… ils ont ou ils sont disparus…
Bordelais de parents émigrés polonais, Henri Husetowski, éducateur de formation et aujourd’hui à la retraite, vit actuellement à Paris. Son premier roman, L’été chagrin, a été remarqué lors du 23ème Festival de Premier Roman de Chambéry.
Ludovic, 15 ans, assiste à un drame ; à quelques mètres de lui, il voit son ami Gaétan se jeter du haut de la falaise. Avant le plongeon, celui-ci lui crie quelque chose qu’il ne comprend pas. Au bord de la falaise, Ludovic ne voit rien, n’entend rien. Est-il mort ? Paniqué et horrifié de n’avoir pu empêcher ce geste fatal, il s’enfuit. En parler à ses parents ? Impossible : pas de père et une mère qu’il hait. Il faut dire que Ludovic a un comportement particulier : les bêtises qu’il commet ne se comptent plus, son éveil à l’amour ne suit pas nécessairement ce que l’on peut attendre d’un ado imprégné des valeurs traditionnelles. Mais quelle éducation a-t-il reçu ? C’est la guerre, la débrouille, le marché noir, les dénonciations. Qui se ressemble, s’assemble : ses autres copains Eugène, Jean-Jacques ne sont pas non plus des plus recommandables. Et, malgré tout, il se dégage de tout ce roman une profonde humanité : le noir se pare de taches blanches. Les circonstances atténuantes, ça existe… D’autant que le comportement de Ludovic flirte avec le délire.
Henri Husetowski parvient à entrer dans la peau d’un ado ; son style s’adapte au niveau de langue des ados de l’époque. Il épouse parfaitement la façon de penser et d’agir du jeune héros complètement déboussolé par ce qui lui arrive et qui suit sa logique de dérive mentale.