Signes intérieurs de jeunesse
de Juliette Lamm

critiqué par Marion F, le 19 juin 2011
(Lyon 8ème - 33 ans)


La note:  étoiles
Sans façon, merci.
Samedi dernier j'ai rejoint la communauté Babelio (le lien pour mon profil est dans la colonne des liens), le même jour je découvrais Les Agents Littéraires et m'y inscrivais. Lundi je recevais les premières propositions de bouquins. J'ai répondu de suite et ait reçu mon exemplaire en fin de semaine.


Quand j’ai consulté la liste des ouvrages proposé mon choix s’est de suite porté sur Signes intérieurs de jeunesse de Juliette Lamm. Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre mais la description donnée me faisait penser au concept d’Enfance de Nathalie Sarraute que j’avais dévoré pour l’épreuve de français du baccalauréat. Noyée dans mes révisions ce livre s’annonçait comme une bouffée d’air frais.
J’ai de suite été séduite par l’aspect du livre, couverture simple et histoires courtes ce qui n’est pas négligeable pendant les trajets en tramways. C’est donc pleine d’enthousiasme que je m’y suis plongée.

A la lecture de la première histoire je ne savais pas vraiment où cela allait me mener. Une grand-mère discute avec son voisin dans un fast-food. Soit. La chute en revanche était bien sentie, une simple phrase qui nous fait comprendre le comportement dudit voisin. Un peu à la manière de Roald Dahl. Autant dire que j’avais hâte de continuer.

J’ai rapidement déchanté.

Je n’ai pas compris le but des autres récits qui peuvent sonner comme moralisateurs, aidez les sans domiciles fixes, ne soyez pas racistes et tolérez les transsexuels, etc.. Et quelques fois je me suis même demandée pourquoi ils étaient là, pas de fil conducteur, pas de petite morale à la fin, rien. Alors d’accord, ce sont des moments de vie j’étais prévenue par le résumé, mais au point de les retranscrire dans un recueil sans leur apporter un petit charme … le style maladroit et certaines histoires tirées par les cheveux (par exemple dans « La Pomme ») n’arrangent en rien la chose.

« Mais dites donc mademoiselle, vous disiez aimer Roald Dahl plus haut, ce même Roald Dahl qui inonde ses nouvelles de détails ». Seulement messieurs dames chez Roald Dahl ce qui passe au premier abord pour des détails ont une importance. Relisez La logeuse et certains points comme ces ongles d’un rouge vif prennent tout leur sens. Dans Signes intérieurs de jeunesse les détails n’apportent rien et l’accumulation de descriptions inutiles ressort d’autant plus que les récits sont vraiment brefs. D’autre part la profusion de « et » et de « mais » alourdissent encore plus certains passages. Et les répétitions, je ne vous parle pas des répétitions. « Curieusement le chauffeur était une « chauffeuse », c'est-à-dire une femme »

J’ai eu beaucoup de mal avec « L’Europe, l’Europe … ». Dans le fond l’idée me plaisait, une dame âgée qui raconte ses amours de jeunesse. Cette histoire j’aurai pu l’aimer autant que la première, voir plus car les mamies rigolotes j’aime bien. Les deux dernières répliques m’ont particulièrement plu :
« - Vous aimeriez le revoir ? Vous vous rendez compte – s’il est encore vivant – à quel point il doit être vieux et décati ?
- Oui, tout comme moi, quoi ! Mais j’aimerais le revoir et lui dire deux trois choses quand même. »
Seulement il y avait les petits passages sur l’histoire de l’Europe du siècle dernier qui ont tout plombé, je ne sais pas si c’est mon allemand LV1, le fait que je sorte d’un baccalauréat littéraire ou que je sois en science po mais ces précis étaient inutiles et mal placés, une sorte d’étalage de culture socio-historique.

Un détail certes mais qui a le don de me rebuter. Ayant grandi dans la Dombes (terre bénite des grenouilles et de la grippe aviaire) et étudiant à Lyon rien ne m’agace plus que le terme de « provinciaux », « il vient d’où ? – de la province ». Comme si en France on avait Paris avec sa Tour Eiffel et que tout autour c’était du pareil au même, sans intérêt. Et ce mot de province (et tous ses dérivés) apparait trop souvent dans le recueil, seules quelques villes comme Bordeaux sont brièvement citées. A contrario on a droit aux noms des gares parisiennes. C’est comme la Place d’Italie ou la Place Péreire, sans Google je n’aurai jamais su où c’était alors que je suis certaine qu’il aurait été question du Parc de la Tête d’or ou de la Place Antoine Poncet la ville aurait été précisée. Sachez Parisiens que toute la population française n’est pas tenue d’avoir mis les pieds dans la capitale et encore moins de connaitre par cœur le positionnement de chaque arrondissement. C’est chose dite.

Je ne conseillerai pas Signes intérieurs de jeunesse.



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