Alvéoles
de Éric Descamps

critiqué par Deashelle, le 23 juillet 2011
(Tervuren - 15 ans)


La note:  étoiles
le frelon est un loup pour l'homme
Un livre qui fera frémir tous les apiculteurs du monde. Car il n’y a pas que Bayer ou Monsanto. Il peut y avoir l’insanité même de l’homme ! Voici un premier roman volumineux comme un thriller anglo-saxon. Dès les premières pages on ressent l’impression que le monde ne tourne plus rond, et même que l’humanité sera bientôt en danger. De disparition ? La prophétie du massacre des abeilles fait peur. Toute notre chaîne alimentaire est menacée. Quelqu’un a dit que les abeilles disparues, il resterait 4 ans à l’homme pour survivre. Et ce récit noir en et la preuve. Un bon point pour la mise en œuvre du suspense.
Dire que l’on frôle le fantastique serait exagéré car quelque chose ralentit néanmoins le plaisir du lecteur. Comme Eric Descamps campe tous ses personnages dans un monde régulé par les lobbys, les ordinateurs de tout poil, les pirates informatiques, les finesses cybernétiques en tout genre, les enjeux effrayants de la macro-économie, le lecteur style Monsieur Seguin, habitué aux champs de marguerites et leurs abeilles se sent parfois un peu démuni devant des tableaux aussi complexes. C’est néanmoins fort instructif et incite à mener une réflexion personnelle sur la démesure humaine. Ce sont en effet toujours les mêmes cordes qui se tendent : l’amour du pouvoir et de la manipulation, celui de l’argent et du sexe. Un cercle vicieux. Et la cible c’est l’humanité. Si notre monde peut être merveilleusement cruel, brutal, sadique et sans pitié, le microcosme animal aussi. Et c’est cet autre ressort efficace qu’utilisera l’auteur.

Cette fresque postmoderne est truffée d’armes automatiques, de gadgets électroniques, de poursuites, de dialogues réalistes que l’on verrait bien au cinéma. La technique narrative se veut journalistique… car elle doit convaincre le lecteur de la catastrophe à venir. On passe donc un bon moment de lecture délassante dans les sens où l’on pénètre dans un monde étrange et totalement dénué de scrupules. Entre le présent réel et l’anticipation. C’est ce qui est réellement effrayant. Cela a peut-être l’effet d’un conte moral. Le scénario est captivant et on finit par s’attacher au héros principal, sorte de Don Quichotte du 21 siècle, presque seul contre tous, et qui va de déboires en déboires. Un roman sombre, désenchanté, qui peint la folie humaine. Save the bees! Stop the killing bees!