Blast, Tome 2 : L'Apocalypse selon saint Jacky
de Manu Larcenet

critiqué par Nothingman, le 13 juin 2011
(Marche-en- Famenne - 44 ans)


La note:  étoiles
La longue errance de Polza Mancini
Blast, c’est l'histoire de Polza Mancini, un type obèse, en rupture avec la société, qui se retrouve en garde à vue pour le meurtre supposé d'une jeune femme. Et l’on retrouve Polza là où on l’a laissé dans le tome précédent, en train de se faire cuisiner par deux enquêteurs, à moins que ce ne soit lui qui les tienne avec son histoire un rien déjantée. Polza poursuit la narration de sa vie en marge de la société, de son étrange retour à la terre. Il loge au milieu des bois, se saoulant à longueur de journées. Une vie qui se rapproche de l’animal sauvage, jusqu’au jour où cette société qu’il fuit, viendra le rechercher via deux homme qui viendront le tabasser gratuitement. Là, Polza revient vers les hommes, logeant dans quelques granges ou maisons abandonnées. Il fera bientôt la connaissance d’un désaxé tout comme lui, Jacky, un dealer avec qui il va vivre l’espace d’un hiver dans une usine désaffectée.
Au fil de son errance, Polza est cependant toujours à la recherche du Blast, une sensation qu’il avait vécue dans le tome précédent , qui abolit le temps et l’espace et qui procure comme un retour à l’enfance.
Toujours aussi noir ce récit de Manu Larcenet. Le héros lui-même est détestable , tout comme la société qui transpire la violence. On retrouve ces pages faites de noir et blanc, avec une économie de dialogues qui permet parfois deux pages sans dialogues, largement contemplatives.
Un procédé jamais ennuyant puisque l’auteur arrive assez bien à faire rebondir son histoire tout au long de ces deux cents pages où la couleur ne vient que le temps du Blast. Au final, cette BD est à la fois, belle, dérangeante et interpellante.
Descente aux enfers 9 étoiles

Bien que toujours très captivant, ce second volet m’a paru toutefois un tantinet moins palpitant que le premier. Polza Mancini, suite à sa rencontre fortuite – et brutale – avec Jacky Jourdain, un marginal haut en couleurs et érudit habitant une usine désaffectée et vivant de trafics, va en quelque sorte passer au second plan. Polza croit alors faire une trêve hivernale dans sa quête du « Blast » après avoir quitté la forêt inhospitalière, plus par peur des humains que des animaux et des rigueurs du climat. Le Blast, il le retrouvera d’une façon plus artificielle en « chevauchant l’Apocalypse », grâce à la drogue fournie par son hôte Saint Jacky… Mais ce Saint Jacky, sous ses dehors bonhommes, n’aurait-il pas lui aussi quelque chose à cacher ?

Côté graphisme, Larcenet poursuit dans sa veine abstracto-trash au lavis noir et blanc saupoudré de couleur… C’est presque expérimental mais cela reste cohérent. Les cases se laissent admirer un peu comme des peintures, ce qui tranche avec d’autres productions telles que « Le Combat ordinaire » ou « Bill Baroud ».

Pour le reste, nous sommes toujours tenus en haleine par ce mystère – qu’a donc fait Mancini pour en arriver là, maintenu en garde à vue comme un dangereux tueur, lui qui, si l’on en croit la version qu’il donne aux inspecteurs, est apparu souvent comme le souffre-douleur des humains qu’il croisait sur son chemin ? Il semble que sa rencontre avec Jacky aura un rôle déterminant dans cette affaire… Ainsi j’ai hâte de découvrir le troisième tome, désireux d’en apprendre un peu plus et ne pas ressentir autant d’impatience que l’un des deux flics, même si bien sûr je ne réagirais pas aussi violemment… ;-)

Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 14 octobre 2013


Booooooooooom 10 étoiles

De mieux en mieux !

Pour résumer : La pudeur ultime dans la déchéance.

Byobinou - Rumilly (74) - 55 ans - 26 avril 2012


de mieux en mieux 10 étoiles

On peut être fan de Larcenet et rentrer dans Blast avec quelques appréhensions. Si Manu a toujours su trouver le moyen de nous parler de nous mieux qu'un psy, il ne l'avait encore jamais fait de manière si noire. Le tome 1 nous plonge avec lenteur dans l'abime, après un moment d'apnée on réalise qu'on peut respirer et passer à la lecture du tome 2. Le monde est toujours aussi moche mais on ne veut pas fermer les yeux, ce monde on en est aussi responsable. Ok manu on est prêt pour le 3.

Yeaker - Blace (69) - 51 ans - 21 septembre 2011


Déchéance 10 étoiles

Album très attendu, en tout cas pour moi.
Après un premier opus décoiffant et étonnant, Larcenet nous amène dans un univers plus glauque, où Mancini cotoie la lie de la société. Album noir, sombre qui donne parfois la nausée tant l'histoire de Polza nous prend aux tripes.
Si l'enquête policière avance à travers les confessions de Polza, j'ai tout de même l'impression que le Blast s'éloigne de notre écrivain-clochard, même sous l'emprise de substance illicite.
En effet, le personnage, Saint Jacky, qui donne le titre à ce second opus, occupe une grande majeure partie de l'album.

Mais c'est surtout la beauté et l'originalité du graphisme de Larcenet qui éclate à chaque page.
Mêlant dessin en noir et blanc, à la couleur,pleines pages et" gaufrier", cadres panoramiques et cadre rectangulaires, il nous livre là une fantastique palette de son talent.

A dévorer évidement.

Hervé28 - Chartres - 55 ans - 4 septembre 2011