L'écologie en bas de chez moi
de Iegor Gran

critiqué par Ddh, le 10 juin 2011
(Mouscron - 83 ans)


La note:  étoiles
l'écologie manipulée ?
L’écologie est la nouvelle religion qui a de plus en plus d’adeptes, même dans son bloc d’appart.
Igor Gran n’en est pas à sa première publication. Son plus beau titre de gloire : O.N.G. ! qui lui valut en 2.003 le Grand prix de l’humour noir et Prix Rive Droite/Rive Gauche – Paris Première. Ici, l’humour noir est toujours présent mais pour dénigrer l’intouchable écologie.
Le narrateur est choqué par une réclame punaisée dans la cage d’entrée de son immeuble : à ne pas rater ce soir à la télé, la projection du film Home. Comment peut-on ainsi influencer des millions de personnes ? Il faut une réaction, aussi se lâche-t-il dans un article qui paraîtra dans Libération : Home ou l’opportunisme vu du ciel. Certains passages sont « omis » par le comité de rédaction et cet article lui vaut des réactions virulentes sur le web. Vincent, son ami de toujours ne partage pas ses convictions, il est, lui aussi, pris par le virus. Dans cet ouvrage, l’auteur démonte, un par un, tous les arguments de cette frénésie pour une planète durable. Il paraît d’autant plus crédible que ses affirmations détricotent les études de nombreux organes officiels qui ont pignon sur rue. Pour lui, une seule échappatoire : la culture dont le domaine s’étend au-delà de l’écologie.
Ygor Gran est d’autant plus crédible dans ses arguments qu’il emploie l’humour noir pour dénigrer les poncifs de l’écologie. Un seul souci pour le lecteur : la trop grande abondance de notes en bas de page qui freinent le raisonnement de l’auteur. Mais elles sont nécessaires pour ajouter foi à ses affirmations et prouvent que ce que l’auteur démontre est bâti sur une solide recherche.
Un livre qui sort du commun et qui titille le lecteur et l’encourage à avoir un esprit critique sur son environnement !
"L'écologie en bas de chez moi" : un mensonge biodégradable ? 8 étoiles

A tous les adeptes de la poubelle aux couvercles bariolés, à toutes les groupies des préservatifs recyclables en chanvre, à tous les fanatiques de Biocoop, passez votre chemin. Ce livre est tout ce qui vous débecte. « L’écologie en bas de chez moi » par Iegor Gran, une critique verte, sauce Lettres it be !

// "OK. Je comprends. Dans l’histoire des idées, quand la forme et le fond sont indissociables, on peut craindre le dogme. (…) commencez par croire, ensuite on verra." //


# La bande-annonce

(Quatrième de couverture) : « Un voisin durable, c’est un voisin qui trie ses déchets et me surveille pour que j’en fasse autant. Une amitié durable, c’est une amitié où l’on ne met pas en danger l’avenir de la planète, même en paroles. On évite d’aborder les sujets qui fâchent. On gobe le discours moralisateur avec le sourire. On accepte l’opportunisme marchand en ouvrant son portefeuille. On se garde de penser sans gourou, sans nounou. On se retient.
Ce livre raconte comment je ne me suis pas retenu. »

C’est à la suite de la publication de l’un de ses articles dans le journal Libération, article rédigé par un Iegor Gran vent debout contre le diktat du « vert » qui fera grand bruit dans les milieux autorisés, que naîtra l’idée de ce récit. Un récit stylistiquement avenant, qui se rapproche vivement de l’écriture orale chère à William S. Burroughs, et qui interpelle par la rudesse intellectuelle qui l’habite.

// "Les catholiques utilisent l’eucharistie pour se purifier des pêchés passés et se préserver des tentations futures.
Vincent, lui, va au salon « Planète durable » à la porte de Versailles." //


# L’avis de Lettres it Be !

Autant aller à l’essentiel, ou droit au but comme on aime à dire près des calanques : « L’écologie en bas de chez moi » est de ces romans où l’écriture met en branle les idées monolithiques, où la plume s’alourdit jusqu’à devenir plomb. Iegor Gran, auteur hexagonal venu du froid russe pour échauffer les esprits, délivre ici un roman dont il a le secret : doucement subversif, puits de réflexions, berceau de bouleversements. Descendant de l’écrivain soviétique dissident Andreï Siniavski, Iegor Gran confère à sa plume ce goût de l’indépendance, cette volonté de n’être seulement rangé que dans la case du brio. On aime.

Lettres it be - - 30 ans - 7 mai 2017


Comment relativiser la cause écologiste 8 étoiles

Découvert par le Masque et la Plume, j'étais curieux de découvrir "L'écologie en bas de chez moi".

Première chose, le quatrième de couverture n'est vraiment pas à la hauteur du livre. Ils auraient certainement gagné en séduction du potentiel acheteur à présenter davantage le contenu du livre. Enfin bref, passons à la suite.

Ce livre, plutôt court, se paye le luxe d'avoir plusieurs sujets. Le sujet principal est la remise en cause de l'écologie. Iegor Gran ne dit pas que la sauvegarde de l'environnement, la protection des espèces animales ou d'autres causes liées sont fausses. Il avance simplement l'hypothèse que ces idées servent à manipuler la masse populaire pour des intentions moins louables.

Le deuxième sujet en parallèle est la rupture amicale qu'il vit avec un ami. Cet ami est un fervent supporter de la cause écologiste et du développement durable. Va s'en suivre alors une guerre froide entre les deux qui va grignoter peu à peu leur amitié.

Pour tout dire, l'auteur m'est très sympathique. C'est un connard rancunier qui aime avoir raison mais qui est assez malin pour construire son argumentaire honnêtement et intelligemment. Ainsi, le livre regorge de références sur lesquelles l'auteur s'appuie. Je ne sais pas si elles sont toutes fondées ou scientifiques mais ça fait plaisir de voir quelqu'un qui ne balance pas des opinions comme ça lui vient. Il est ensuite assez ouvert d'esprit pour voir quand son argumentaire faiblit. C'est alors tout à son honneur et ça le rend plus sympathique.

Le livre est construit en deux parties. On a tout d'abord le récit principal où l'auteur raconte l'évolution de sa réflexion sur l'écologie à partir du moment où il a trouvé un tract à ce propos sur le panneau de liège collectif de son immeuble, et comment son amitié avec Vincent s'en est trouvé affectée.

On a ensuite encore plus de lecture dans des notes de bas de page. C'est un choix fait par l'éditeur et l'auteur.

En fait, c'est comme si vous discutiez avec un pote et qu'en plein milieu de conversation, ce pote vous racontait une anecdote ou précisait sa pensée sur un point précis qui n'a rien à voir avec son histoire.

Ou encore une autre figure de style, c'est comme si vous baisiez avec un canon mais qu'elle arrêtait le bordel toutes les minutes pour vous dire que son superbe cul, elle l'a eu en faisant ce programme de fitness, que ce mouvement précis, elle l'a appris en lisant tel bouquin. Ca m'intéresserait hein. Vraiment. Mais pas à ce moment-là, on en a rien à carrer. On veut juste connaître le début, le milieu et la fin et rien d'autre. On veut suivre le fil rouge, on ne veut pas prendre de détours, de quêtes secondaires. Just the fucking main quest.

C'est donc très intéressant. Le bougre m'a donné envie d'aller voir le classement de pets des animaux, d'aller voir l'auteur Chalomov, d'aller mater les projections futuristes des grands esprits américains du 19ème.

Mais c'est juste SUPER CHIANT en terme de suivi. Sérieusement, ça énerve. Et je pense que c'est un aveu de faiblesse de ne pas avoir réussi à mettre le contenu principal et les notes de bas de page dans un seul et même récit.

Enfin, je regrette que l'auteur n'ait pas plus développé sur le fait que l'humain se voit lui-même comme un parasite pour la planète Terre. Il dit qu'il devrait se voir au contraire comme une richesse. C'est dommage, Iegor se contente alors de planter ce constat sans avancer d'hypothèses sur pourquoi l'homme se voit de cette manière et comment on pourrait changer ça.

En conclusion, un bon bouquin qui m'a fait réfléchir. Ca m'a donné envie de m'informer sur le sujet et de comparer les différents points de vue. Et surtout, j'ai trouvé sa réflexion pas si conne. Il y a une réelle accaparation de l'écologie pour se faire bien voir ainsi qu'une réelle hypocrisie qui ne doivent pas rester impunies, ou du moins non dénoncées.

J'ai maintenant envie de découvrir davantage cet auteur.

Bref, si vous vous êtes déjà posé des questions sur le développement durable, sur l'écologie, l'environnement et compagnie. Foncez sur ce bouquin. Ca vous donnera un début de piste de réflexion de manière aisée car ça se lit facilement et rapidement.

Nabu - Paris - 38 ans - 20 août 2013


L'écologie en pamphlet 8 étoiles

Ce livre, bien que décrit par son auteur lui-même comme une autofiction, a tout d’un pamphlet bien réussi. Il ne faut pas s’attendre à une histoire, si ce n’est celle d’un homme accusé d’être un climato-écolo-sceptique par tout son entourage, voisins compris. Ce dernier s’insurge, car, le plus souvent, il remet en question non pas le fond du mouvement du développement durable mais bien sa forme. Mais voilà : « dans l’histoire des idées, quand la forme et le fond sont indissociables, on peut craindre le dogme ».

Cette lecture traduit le caractère complètement paradoxal de tout ce qui tourne autour du développement durable ; salons dont les représentants sont issus de firmes industrielles polluantes, « tourisme durable », « téléphones portables high-tech durables », annonces de différentes instances dont L’Autorité de Régulation de la Publicité qui nous dit que : « la publicité doit bannir toute évocation ou représentation de comportement contraire à la protection de l’environnement et à la préservation des ressources naturelles »… Ce qui rend le livre très comique et pourra arracher quelques sourires même aux écolos les plus convaincus.
Iegor Gran argumente parfois, avec références à la clé, en quoi ce mouvement est complètement délirant et illusoire. Mais le propos va plus loin que cela, critiquant « Les deux camps, vulgairement campés dans les certitudes, [faisant] des amalgames et des raccourcis, [sortant] des phrases du contexte avec une habileté de pickpocket, [reprenant] en trompette la moindre donnée qui leur paraît favorable sans en vérifier ni l’origine ni la portée ».

Plutôt qu’une critique amère du développement durable, j’y vois plutôt une dénonciation du formalisme de la pensée et de la rhétorique bas de gamme, une ode au questionnement des dogmes.

Elya - Savoie - 34 ans - 30 décembre 2011


Raison garder... 6 étoiles

Ce petit pamphlet au vitriol ne manque pas de piquant et d’humour. Toutefois, comme on le sait, la vérité, n’est pas toujours bonne à dire et on risque, face à ce sujet qui divise, de tomber parfois d’un extrême dans l’autre…Il faut donc, à tout prix, savoir raison garder...
Sur le fond, les propos sont certes très argumentés sur le plan scientifique ; mais, pour rester dans le contexte religieux auquel l’auteur renvoie sans cesse sur le mode de la métaphore, je ne suis nullement compétente pour trier le bon grain de l’ivraie face aux discours contradictoires qui peuvent être prononcés ici et là en matière de planète durable, comme son salon éponyme, la grand messe des écologistes. L’ensemble n’en demeure pas moins désopilant et tous les parangons de l’écologie bien pensante (Al Gore, N Hulot, A Bertrand) en prennent largement pour leur grade, au tournant.
Sauf que la caricature, parfois trop appuyée en dérangera plus d’un et c’est d’ailleurs l’effet recherché par Mr Gran, provocateur en diable, et qui, contrairement aux militants jusqu’au-boutistes de l’écologie, ne se prend heureusement pas au sérieux.
Ainsi, lorsqu’il décrit l’écrivain d’autofiction comme un écrivain responsable par rapport à son confrère qui se sert de son imagination pour produire des textes nouveaux et dépense donc beaucoup d’énergie !
Idem, lorsqu’il déclare à propos des livres «dont l’empreinte carbone est terrifiante» : «ils compromettent la survie des générations futures et c’est pour ça que je les aime» !
Mais, cet ouvrage est aussi dérangeant par la forme, l’abondance des notes déjà évoquée par Ddh et qui se développent d’une page à l’autre obligeant le lecteur à un va et vient incessant et très inconfortable. De cela aussi Mr Gran est d’ailleurs parfaitement conscient puisqu’il écrit être capable aussi de rédiger des livres sans notes… Nous voilà donc définitivement rassurés !
Je relèverai enfin la critique, tout à fait élogieuse de Marie Valentine Chaudon, publiée dans «la Croix» du 15 juin dernier qui, manifestement, ne tient pas rigueur à l’auteur de ses comparaisons parfois grinçantes avec certains rites catholiques. Courageux de la part d’un journal bien pensant ! Cela dénote en tout cas un sens de l’humour et de la dérision dont il convient à l’évidence d’être largement doté pour apprécier ce livre.

Isis - Chaville - 79 ans - 20 juillet 2011


Dénoncer oui...mais encore 7 étoiles

Envie d’applaudir à certains passages, envie de discuter à d’autres…

Oui la récupération de la vague verte, de l’inquiétude écologique par le monde économique est à vomir…oui le citoyen lambda a parfois du mal à s’y retrouver dans tout ce qu’on lui assène…

Iegor Gran pousse parfois la caricature un peu loin… et par contre, à mon goût, il ne dénonce pas assez… les intérêts des opérations de green-washing... le consumérisme à la sauce verte est à vomir

Oui monsieur Gran nous sommes dans un contexte parano, il faut renouer avec notre culture Humaine… et retrouver nos fondamentaux, ces fondamentaux nous feront tourner le dos au consumérisme et nous aideront à renouer avec notre Humanité et son environnement.

Les politiques, le monde économique nous mentent, ils pratiquent l’oxymore… je n’ai pas la foi en leur développement durable, je crois cependant qu’il me faut tourner le dos à la croissance pour renouer avec l’âme humaine

Ma conscience ne s’achète pas… ni par les ONG, ni par l’étalage de consommation verte, ma conscience devrait être présence au monde pour mieux le respecter….

Mon écologie à moi monsieur Gran est rebelle, elle sert les arbres dans bras et tourne résolument le dos au monde que vous dénoncez

A lire en toute conscience pour inventer sa propre voix/voie…

Bafie - - 62 ans - 7 juillet 2011