Freud et la question de l'angoisse, l'angoisse comme affect fondamental
de Christian Jeanclaude

critiqué par Muzelle, le 7 juin 2011
( - 70 ans)


La note:  étoiles
Un ouvrage de référence sur l'angoisse en psychanalyse
L'auteur de ce livre, Christian Jeanclaude, nous délivre le message suivant : " à sa&voir que l'angoisse est l'essance même de l'homme, totalement consubstancielle de sa condition. " Il va tout d'a&bord retracer à partir des différentes conceptions freudiennes de l'angoisse (de 1894 à 1938) et en particulier celle développée dans " Inhibition, symptôme et angoisse" comment le petit enfant se construit ses défenses, ses fantasmes et en définitive, se structure psychiquement à partir d'un affect qu'il définit comme fondamental : l'angoisse.

L'auteur de par sa formation initiale de biologiste, resitue la racine de cet affect qu'est l'angoisse à ses origines " L'explication du refoulement originaire... se trouve dans un évitement, à l'origine chez le nourrisson, de la douleur résultante de la tension d 'angoisse dues à ses besoin fondamentaux insatisfaits... "

Christian Jeanclaude développe avec beaucoup de clarté de la nécessité dont l'angoisse est chargée " En opèrant ce saut considérable de la nature vers la culture, l'être humain gagne une parcelle de liberté sur les contraintes de l'environnement sauvage, mais au prix d'une aliénation névrotique : celle de vivre des peurs à l'égard de son monde intérieur vécu comme un inconnu redoutable."

Noëlle Fiault, Envie d'école n° 27



À consulter la littérature psychanalytique dans son ensemble, on a parfois l’impression que Freud, en 1926, a écrit le fin mot à propos de l’angoisse. Depuis, très peu d’oeuvres sont consacrées à ce sujet pourtant central dans l’étude du psychisme humain. Quelques interprétations ont été proposées de la conception freudienne de l’angoisse mais sont restées isolées et sans grandes conséquences. Le livre de Christian Jeanclaude a donc déjà l’énorme mérite de remettre en questionnement une partie centrale de la théorie psychanalytique dont les psychanalystes ont parfois eu tendance à se désintéresser. Christian Jeanclaude retrace d’abord les différentes théories de l’angoisse présentes dans l’oeuvre de Freud en montrant bien que cette question a été abordée par le père de la psychanalyse a de nombreuses reprises au fil des ans. Il cherche, chemin faisant, à étayer sa thèse personnelle en démontrant que les diverses théories freudiennes de l’angoisse constituent non pas des moments différents (dont le plus récent remplace le précédent) mais plutôt des parties complémentaires d’une pensée globale sur ce sujet. L’auteur nous propose une théorie unifiée de l’angoisse basée sur l’idée que toute angoisse est le résultat d’une surtension d’énergie non déchargée. Pour rendre compte des différentes situations cliniques et des formes variées que peut prendre l’angoisse, il propose d’en distinguer deux formes principales : l’angoisse-tension et l’angoisse-peur. Rédigé dans un style simple et efficace, le livre de Christian Jeanclaude est facile et agréable à lire. Son aspect pédagogique, proche parfois d’un ouvrage de vulgarisation (sans les défauts reliés à ce genre difficile), le rend abordable pour des lecteurs provenant de divers horizons et possédant un bagage psychanalytique varié. C’est un livre courageux dans lequel l’auteur ne craint pas d’exposer ses vues personnelles et de les offrir à la discussion et à la critique. Un très bon livre qui devrait devenir un incontournable dans le domaine. D’ailleurs, la première édition et la deuxième édition se sont envolées rapidement.

Copyright René Desgroseillers