Le logement social en France
de Jean-Marc Stébé

critiqué par CHALOT, le 28 mai 2011
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
Voici là un document utile pour le présent et l'avenir
Une situation préoccupante et le pire est peut être pour demain... L'auteur analyse finement la situation actuelle avant de nous retracer l'histoire de l'habitat social.

Si depuis la fin du XVIIIème siècle, les réformistes, les philanthropes et les paternalistes pour des raisons qui leur sont propres se sont préoccupés du logement des classes populaires, c'est au début du XXème siècle que les premières lois ont contraint les pouvoirs publics à prendre des mesures.
C'est ainsi que le radical socialiste Strauss fait adopter en 1906 un texte rendant obligatoire l'instauration d'un comité de patronage des HBM ( habitations à bon marché) dans chaque département.

Chaque commune et département peut employer une partie de ses ressources à soutenir l'action de ces futurs « offices » sous la forme de dons de terrains, de prêts ou de subventions.

En 1912, on passe à une nouvelle étape vers l'interventionnisme de l'État avec la loi Bonnevay qui instaure une rupture : « Les pouvoirs publics ont non seulement le droit mais le devoir d'intervenir »dans le logement social.
L'auteur de ce « Que sais-je ? » nous fait par alors des avancées importantes au niveau local mais aussi du retard pris à l'échelle nationale en terme de nombre de constructions par rapport à nos voisins anglais et allemand notamment entre les deux guerres.

L'analyse de la politique « urbanistique » menée après la Libération est particulièrement pertinente. Le fait de reconstruire à l'identique la maison détruite a des conséquences désastreuses et les frais énormes engagés dans les guerres coloniales grèvent sérieusement le budget de l'État qui ne consacre pas suffisamment de fonds pour la construction.

Si l'édification des tours et des barres à la périphérie des villes a permis de résoudre les problèmes les plus criants, elle n'a plus été considérée à la fin des trente glorieuses comme un progrès. « La réputation faite aux grands ensembles d'être des foyers générateurs d'inadaptation et de mal vivre, mais aussi plus prosaïquement le développement de la vacance et la crise financière de certains organismes HLM ont contraint les pouvoirs publics à prendre dès le milieu des années 1970, des initiatives en vue de redonner au logement social une image valorisée et de permettre au secteur HLM de répondre encore mieux à ses objectifs initiaux d'accueil des classes populaires. »

L'auteur introduit ainsi la dernière partie de son livre qu'il consacre à la problématique du logement social en France avant de conclure sur le double défi qui attend les organismes HLM : répondre à la demande et freiner la ghettoïsation !

Jean-François Chalot
Comment améliorer les conditions d'habitat 8 étoiles

Des oeuvres philosophiques ont bien conçu des utopies où sont présentes des pensées de logements idéaux. Et ce n'est qu'à la Belle époque que les premières lois et politiques publiques sont conçues pour améliorer l'habitat et lutter contre l'insalubrité. Or la Seconde guerre mondiale , par ses destructions, aggrave sensiblement le problème, qui mène à la construction de grands ensembles, avant que soient menées des politiques plus fines, afin d'éviter la ghettoïsation.
Ce petit livre résume bien les théories et l'histoire de cette politique publique, et amuse à réfléchir sur les pistes d'actions à mener. Des développements sur l'urbanisme et la mixité sociale eussent utilement complété le propos, mais cet ouvrage s'avère déjà fort utile.

Veneziano - Paris - 46 ans - 30 décembre 2022