The Punch: One night, Two lives, and the fight that changed basketball forever
de John Feinstein

critiqué par Oburoni, le 27 mai 2011
(Waltham Cross - 41 ans)


La note:  étoiles
"10 secondes horribles", ou comment un coup de poing transforma la NBA
9 décembre 1977, Los Angeles Forum. En plein match de basket entre les Lakers et les Houston Rockets une bagarre éclate. Rudy Tomjanovich (Rockets) accourt pour tenter d’apaiser les choses, séparer les impliqués. Il sera stoppé net dans sa course par Kermit Washington (Lakers) qui, le voyant arriver par derrière et croyant qu'il allait l’agresser, lui envoie un coup de poing en plein visage. L'image, horrible, est connue des fans de NBA : Tomjanovich bascule, s'écrase sur le parquet, se recroqueville. Une marre de sang se forme autour de lui. Un silence glaçant s'installe, c'est le choc. La face du basketball américain vient de changer : la NBA ne sera jamais plus comme avant.

Certes, à l'époque les bagarres sont monnaie courante. On est encore dans "l'âge obscur" de la ligue. Née en 1946 les grands noms auxquels elle est souvent associée (Michael Jordan, Magic Johnson, Larry Bird...) n'y jouent pas encore. Les jeux physiques, agressifs, mènent souvent à des bagarres récurrentes (41 en 1976 !) et la violence, qui donne mauvaise réputation au sport, est un problème tel que des mesures drastiques sont alors prises contre les joueurs bagarreurs (les amendes sont augmentées de 500$ a 10000$, les suspensions étendues de cinq jours à une période indéterminée -Washington écopera de 60 jours).

Seulement l'épisode Tomjanovich-Washington, par sa brutalité, va au-delà, bien au-delà, d'une simple bagarre. La force du coup reste difficile à imaginer : Tomjanovich sera emmené d'urgence en soins intensifs, aura la face tellement déformée par l'impact (son crâne est disloqué, du liquide cérébro-spinal s'échappe dans sa bouche) qu'il lui faudra 5 opérations chirurgicales pour lui rendre son visage et, si deux décennies plus tard il restera dans les mémoires comme étant le coach qui mènera les Houston Rockets à leur premier titre de champion NBA (1994, avec Hakeem Olajuwon...), l'épisode marquera le début de la fin pour sa carrière de joueur. Kermit Washington, lui, n'en sortira pas plus indemne. Vivant alors sous constante menace, en tant que joueur il sera traité comme un boulet infréquentable, passé d'équipe en équipe jusqu’à ce qu'il se retire et encore ! A sa retraite personne n'en voudra comme coach ou assistant, le coup en ayant fait un paria pour la NBA.

John Feinstein, journaliste sportif et auteur de nombreux ouvrages sur le sport, fait plus que de revenir sur l’évènement. Il donne à voir ses conséquences, émouvantes et surprenantes, pour les deux hommes. Il n'épargne pas les questions difficiles, par exemple le racisme qui s'immisce, honteusement, dans l'affaire (Tomjanovich étant blanc, Washington noir, un méchant cocktail dans l'Amérique des 1970s...). Il rappelle à quel point ce coup va radicalement changer la NBA, une ligue devenue depuis extrêmement sévère envers toute incartade. C'est que, si la violence est condamnable, lorsqu'elle concerne des athlètes de cette envergure (physique) elle est plus qu'intolérable : elle est dangereuse.

Un livre agréable, trop détaillé peut-être, répétitif par moment, mais riche en interviews et points de vues, et qui ravira les fans de sports, même au-delà du basketball.