La Chevelure sacrifiée
de Bohumil Hrabal

critiqué par Carmen, le 19 mai 2011
( - 77 ans)


La note:  étoiles
L'arivée de la radio dans un village tchèque et ses conséquences inattendues
L'auteur rend tout d'abord un hommage vibrant à sa mère dans ce roman riche en émotions, poésie et humour, éclatant de lumières, de couleurs, d'odeurs, que ce soit celles de la brasserie, des séances chez le coiffeur, du bain dans la barrique ou de la journée des cochonnailles. Maryska est drôle, émouvante, fantasque, débordante de vitalité, elle croque la vie à pleines dents et son caractère contraste fortement avec celui de Francin, son mari, timide et réservé. Il voudrait bien qu'elle soit plus sage et il ne fut jamais aussi heureux que lorsqu'elle se brisa la cheville parce qu'alors il la tenait "comme il voulait, une femme convenable qui restait à la maison."
C'est l'arrivée de la radio dans son village, dans les années vingt, la Transmission Sans Fil, qui en raccourcissant soudain les distances provoque en Maryska l'envie brutale de raccourcir tout ce qui peut l'être : sa jupe d'abord, ce qui lui donne une impression nouvelle de liberté dans le mouvement et lui fait retrouver sa jeunesse, puis les pieds de ses chaises et de sa table dans un épisode franchement comique, elle continue avec la queue du chien, opération malencontreuse qui se termine par un drame et enfin elle sacrifie sa flamboyante chevelure pour adopter la coiffure de Joséphine Baker...
Bohumil Hrabal nous entraîne à la suite de Maryska, la narratrice, dans un style particulier, qui surprend au début : de très longues phrases, souvent plus d'une page, où se succèdent des associations d'idées parfois sans liens apparents et où les "et alors..., et alors..."s'enchaînent les uns aux autres comme dans les récits des écoliers. On prend son souffle, on s'y habitue, d'autant plus qu'on ne s'ennuie pas une seconde