Les corbeaux et les renardes
de Françoise Dorin

critiqué par Rosenblum Petit, le 15 mai 2002
(Marcinelle - 50 ans)


La note:  étoiles
Les jupes ou les manches?
« Quand vous voyez une femme escortée en tout lieu d'un état-major de servants, ce n'est pas tant qu'ils la trouvent belle, c'est qu'elle leur a dit qu'ils sont beaux » (Jean Giraudoux)
Premier paragraphe et excellent résumé de ce roman rempli d'humour. Comme toujours, Françoise Dorin nous décrit un morceau de vie. Elle s'attaque dans ce livre à des personnages vraiment attachants. Le titre est clair et vous dit tout sur ce livre que je viens de terminer pour la troisième fois. Les corbeaux sont ces mâles qui ont tout : richesse, noblesse, puissance et qui ne demandent qu'une chose: une femme aimante et désintéressée. Les renardes sont, elles, des femmes généralement très belles, attirées surtout par l'argent auquel elles vouent un amour immodéré. Leur intelligence résidant dans la parfaite connaissance de la fable la plus connue de Monsieur de La Fontaine.
La mère de Lili, femme exemplaire s'il en est, décède surtout d'avoir passé sa vie à travailler. Lili n'a que 16 ans mais elle sait déjà qu'elle ne fera pas comme elle. Pour cela, elle tombe volontairement sous la coupe de Marguerite, la "Poule du Notaire", qu'elle prend comme modèle de vie. D'une erreur de jeunesse naîtra Nadège et d'un mariage calculé naîtra Agathe. Deux filles, deux caractères, deux vies. Selon Lili, les femmes ont deux solutions pour gagner leur vie: retrousser leurs manches ou retrousser leurs jupes. Agathe, par réaction sans doute, fait partie des premières. Quant à Nadège, elle fait incontestablement partie des renardes, aidée par sa mère et la bienveillante Marguerite toujours bonne conseillère.
Deux destinées. Deux chemins. Laquelle, des deux soeurs, a pris le bon? Nadège, sa poupée? Agathe, sa cheftaine? Lili s'interroge... Et s'étonne beaucoup de s'interroger. Choisissez votre camp, mesdames, car la comtesse Marie-Xavière du Phallus-de-Mesdeux compte sur vous...
Françoise Dorin est la reine du genre mais, dans ce roman, elle se surpasse. Si je ne pouvais vous en conseiller qu'un ce serait incontestablement celui-ci. Il est rempli de vérités, éxagérées bien entendu, et le style si particulier à la romancière vous fait aimer et détester à la fois tous les personnages. On est finalement tous et toutes un peu corbeaux mais renardes aussi, non?