La nègre
de Marie Rouanet

critiqué par Carmen, le 17 mai 2011
( - 78 ans)


La note:  étoiles
La voix des autres
Renée se rêvait artiste et écrivain, elle s'adonnait à la peinture, la sculpture et l'écriture, mais ses œuvres se vendaient mal et elle en vivait difficilement. Après sa rencontre avec la riche Hélène, son destin se scelle.
Hélène, autrefois célèbre pour sa beauté, est aujourd'hui défigurée à la suite d'un accident de la route. Malgré cela elle garde son emprise sur ceux qu'elle côtoie et Renée ne peut refuser sa proposition : écrire un livre pour elle, un livre où elle dévoile des vérités dérangeantes sur le passé sulfureux de son époux, notaire, et de quelques autres notables de leur petite ville. Renée hésite, elle redoute d'y perdre son âme en acceptant un tel contrat, mais la récompense financière promise emporte sa décision. Après cette expérience, Renée sait qu'elle ne pourra plus écrire comme avant et qu'elle ne sera plus que la nègre d'un autre : "Je suis rompue à l'exercice qui consiste à épouser les idées d'un autre et les transcrire", alors qu'elle avait en elle tant de choses à exprimer. Mais elle se satisfait de cette vie dont elle n'avait pourtant pas rêvé : "Me glisser dans les projets d'autrui, n'avoir rien à creuser en moi, me servir de mon vécu, le casser, le tordre pour des amours et des aventures qui m'éloigneraient définitivement de mes ténèbres, quelle tranquillité, quelle jouisance délivrée!"
En se laissant emporter par l'histoire tragique de Renée on ne peut s'empêcher de penser à tous ces nègres inconnus qui prêtent leur plume à d'autres, en espérant, pour eux, une destinée plus favorable et la sortie, un beau jour, de l'anonymat !