Sherman, Tome 3 : La passion, Lana
de Stephen Desberg (Scénario), Griffo (Dessin)

critiqué par Nothingman, le 16 mai 2011
(Marche-en- Famenne - 44 ans)


La note:  étoiles
Les années sombres
Les deux premiers tomes de Sherman avaient planté le décor de cette conspiration visant Jay Sherman, homme d’affaires talentueux, et sa famille. Après l’assassinat de son fils, futur présidentiable, on s’attaque à sa fortune et à sa fille. Les nombreux flashbacks retraçant le destin exceptionnel de ce gamin des rues devenu magnat laissaient deviner des implications bien plus grandes que la simple vengeance d’un homme.

Ce troisième tome présente un tournant de la vie du jeune Sherman. Malgré les déconvenues, les tentatives de déstabilisation, il a tenu bon dans sa volonté de financer la firme de Karl Jurgen et ses expérimentations chimiques.
Sherman démarre ainsi son irrésistible ascension en internationalisant les avoirs de son employeur, frayant au passage avec le nazisme naissant. …

La série prend de l’envergure avec ce troisième tome, totalement maîtrisé par Desberg et Griffo. Le dessin est toujours aussi impeccable. Et à nouveau une mention spéciale à la couverture et son style rétro. La suite promet d’être haletante !
Une excellente série qui poursuit son chemin... 10 étoiles

Dans cette série, nous sommes à la recherche, dans le passé de Jay Sherman, de ce qui pourrait expliquer le présent c’est à dire cette impitoyable machinerie qui est en train d’écraser sous nos yeux le rêve américain incarné ! Oui, Jay Sherman, petit garçon des rues, orphelin de très bonne heure, termine sa vie au zénith du système financier américain, et ce n’est pas rien… Or, nous le voyons tomber sous nos yeux et plus nous découvrons sa vie et plus ses choix semblent douteux, voire pire…

Cet album sera marqué par deux types d’évènements dans la vie de Jay. D’une part ses rapports avec les femmes, mais nous savons depuis longtemps qu’il s’agit-là de son tendon d’Achille. Après avoir trompé sa femme, il cultive une « passion » sans limite avec de nombreux risques… Mais il est obligé de garder sa femme, pour rester dans la banque Wallace ; de s’occuper de sa fille et ce n’est pas si simple ; et le voilà qui regarde sa garde du corps d’un œil trop tendre…

Le second sujet abordé dans ce troisième tome de la vie de Sherman est la nature de ses relations avec une famille allemande dans les années vingt. Un accord industriel est en train de se mettre en place au moment où la crise s’abat sur les Etats-Unis et où l’Allemagne commence à rêver d’un grand chef… On sent que l’affaire sera, ou plus exactement pourrait être, sulfureuse ! La seconde guerre mondiale approche et on se dit que ce doit être là que se situe la grande faute de Jay Sherman, celle qui le met en danger depuis le début de la série…

Je voudrais profiter de cet album pour mettre en avant la qualité des couvertures de cette série. Elles sont remarquables, chacune sur un ton de couleur différent, tout en puissance, force et ombre, et, à elles seules, elles plongent les lecteurs dans l’ambiance de la série. J’admire depuis longtemps le dessin de Griffo mais je dois avouer qu’avec cette série il m’épate totalement, me bluffe complètement. Il est temps de réparer une erreur, celle de le cantonner dans les dessinateurs de seconde catégorie !

Sherman est une très bonne série qui devrait toucher toute sorte de lecteurs y compris ceux qui ne sont pas des grands habitués de la bédé. La façon de nous raconter ce destin humain est assez universelle, touchante, littéraire et psychologique. J’adore, que vous dire de plus ? Testez et vous comprendrez pourquoi Desberg est un grand scénariste, pourquoi Griffo est un grand illustrateur et, surtout, pourquoi la bande dessinée est un art narratif majeur que vous devriez plus souvent fréquenter !

Très bonne lecture !!!

Shelton - Chalon-sur-Saône - 67 ans - 1 janvier 2012