Le duel
de Joseph Conrad

critiqué par Tistou, le 9 mai 2011
( - 68 ans)


La note:  étoiles
L’honneur d’un soldat en des temps reculés …
« Duel » a été écrit en 1908 par un Joseph Conrad qui déclare, dans une note de l’auteur, avoir voulu passionnément écrire sur l’ère napoléonienne. « Duel » met ainsi en scène les lieutenants Féraud et d’Hubert, deux lieutenants des Hussards.
L’un semble promis à une carrière de commandement, d’Hubert, par son attitude réfléchie, son sang froid et ses compétences. L’autre, Féraud, méridional, présente les caractéristiques d’un homme du sud ; sang chaud, brave jusqu’à la témérité mais sans trop de réflexion.
Pour le malheur de d’Hubert, au début du récit ordonnance d’un général, il est chargé par celui-ci de récupérer Féraud pour le mettre aux arrêts de rigueur suite à un énième duel au cours duquel il a estourbi un civil de la haute société locale. Les circonstances dans lesquelles d’Hubert récupère Féraud font que ce dernier considère son honneur atteint par d’Hubert et qu’il va le provoquer en duel.

« - Pensez-vous que je sois homme à me plier sans broncher à l’injustice ? lui demanda-t-il, d’un ton impétueux.
- Oh ! soyez donc raisonnable ! protesta le lieutenant d’Hubert.
- Je suis raisonnable ! Parfaitement raisonnable ! répliqua l’autre avec une inquiétante modération. Je ne puis demander des comptes au général de sa conduite, mais vous allez me répondre de la vôtre.
- Je me refuse à écouter de pareils non-sens, murmura le lieutenant d’Hubert en grimaçant de manière quelque peu méprisante.
- Vous appelez cela un non-sens ? Il me semble que c’est parfaitement clair. A moins que vous ne compreniez pas le français.
- Où diable voulez-vous en venir ?
- A vous couper les oreilles pour m’avoir dérangé avec les ordres du général alors que j’étais en conversation avec une dame ! »
Ceci sera le premier d’une longue série de duels entre ces deux officiers, au fil de leur progression dans la hiérarchie et de leurs affectations. Joseph Conrad en profite pour passer en revue de nombreuses batailles ou campagnes de Napoléon, et particulièrement celle de Russie, à la retraite célèbre. Les deux finiront par s’entraider pendant cette retraite mais la haine de Féraud reprendra le dessus après … et donc duels …
Une fin un peu en pirouette pour un exercice au final qui m’aura paru un peu convenu, loin en tout cas de l’intensité de « Typhon » ou de « Au cœur des ténèbres ».
Une destinée commune entre Empire et Restauration 7 étoiles

Une situation de départ ubuesque, sur fond d'honneur militaire, dont les développements vont poursuivre la vie des 2 soldats. Ces deux hommes semblent prisonniers de leur destin, condamnés à s'affronter jusqu'à une issue définitive. Ce roman dense, prenant, au style remarquable, offre un certain suspense lors du dénouement qui nous tient en haleine jusqu'au bout.

Elko - Niort - 48 ans - 20 février 2012