Je hais les jeunes filles
de Auteur inconnu

critiqué par Béatrice, le 28 avril 2011
(Paris - - ans)


La note:  étoiles
Vintage
<20 ans> est un magazine mensuel féminin. Ce bouquin évoque sa période de gloire de 1993 à 2000, lorsqu’il était subversif et anticonsumériste. Tandis que les autres magazines pratiquent la démarche « il faut être tendre avec la lectrice, il faut être glamour avec la lectrice, il faut faire rêver la lectrice », celui-ci fait le contraire.
On y découvre l’histoire du mensuel racontée par les anciens membres de la rédaction, une brève anthologie d’articles, horoscope inclus (« bon mois pour se faire amputer »), et un mini portrait de la lectrice de l’époque. Non, elle n’était pas une midinette, elle était trop cynique et un brin trash.

Michel Houellebecq, Simon Liberati, Alain Soral et Diastème écrivaient pour 20 ans. Un esprit aussi décalé, on n’en retrouve plus aujourd’hui dans la presse écrite ; l’indéfectible alliance entre annonceurs et éditeurs a tué le journalisme NON consensuel. Il vit encore sur le net, sous forme de blogs éparpillés et éphémères.

Je n’ai pas lu 20 ans à l’époque, mais j’ai reconnu ses influences dans Elle d’avant 2000, avant que cet hebdo devienne la vitrine style pompier à la gloire de D &G. J’aime bien la sociologie de comptoir, avec ce bouquin j’ai été servie.

Extrait d’un article de 1993 intitulé Le spleen de la consommatrice signé Eugène Mansfield :
« Derrière chaque consommatrice se profile la figure cauchemardesque de ‘celle qui s’est trompée’ [ ], monstre dépressif suscité par de vieux souvenirs de courses tragiques en compagnie d’une mère castratrice. Rappelez-vous : ‘Achète cette salopette brodée, elle te va si bien’, susurrait la bête et vous l’aviez achetée, tout en sachant qu’elle vous faisait ressembler à Mimie Mathy. »

Extrait d’un article de 1999 intitulé Mémoires d’un branché signé Alain Soral :
« … pour continuer à nous amuser et faire chier les hippies. Surfant sur la vague, les yuppies, feignant de nous donner raison, remplacèrent l’intello engagé et son jargon gauchiste par le créateur de mode et sa conversation d’apprenti coiffeur. [ ] Plus la société s’est rigidifiée, plus la mode s’est diversifiée et plus les librairies du Quartier latin ont fait place aux jeaneries … »