L'exploit
de Vladimir Nabokov

critiqué par Romur, le 24 avril 2011
(Viroflay - 51 ans)


La note:  étoiles
Besoin d'exister
Martin est fils de la noblesse russe, contraint par la Révolution de 1917 à l’exil en Suisse avec sa mère, puis à Cambridge. C’est un jeune homme rêveur et oisif comme on peut l’être quand on a été élevé dans un monde exclusivement féminin et dans l’aisance matérielle. Jeune adulte il connaît les conquêtes faciles et un amour déçu (Sonia, une chaste dévoreuse d’hommes). Tout cela le laisse sur sa faim, il a besoin de sensations, de se donner de l’importance pour exister à ses yeux et à ceux des autres. Il recherche l’exploit. Ce sera l’escalade dans les Alpes suisses, cheminant sur une étroite corniche à flanc de montagne. Puis ce sera l’expédition finale…

Plus que l’intrigue de ce petit roman, c’est le style de Nabokov, ses pointes d’ironie et la richesse de ses descriptions qui m’ont séduit.
Un collier de lumières 10 étoiles

Martin vit près de Yalta avec sa mère. Quand au début de l’année 1918 son père, un dermatologue de grand renom, meurt dans des circonstances mal définies. Mais bientôt Martin doit quitter la Crimée et laisser derrière lui, en abandonnant la Russie au Bolcheviques, ses souvenirs. Avec sa mère il se réfugie en Suisse chez son oncle. De là il poursuit seul jusqu’à Cambridge pour ses études. Il y rencontre des personnages fantasques comme le jeune Darwin. Et sa cousine, la belle et énigmatique Sonia, qu’il ne parviendra pas à séduire.
Est-ce pour cette raison qu’il va réaliser un projet fou et définitif ?
Finalement Martin, que son créateur n’a doté d’aucun talent ou créativité artistique, se sent étranger partout. « Pendant le somptueux automne suisse, il comprit pour la première fois qu’il était, après tout, un exilé, condamné à vivre loin de chez lui. Ce mot « exilé » sonnait délicieusement à ses oreilles. »
Finalement Martin serait-il resté coincé dans son passé, incapable de grandir ?
« Juste à ce moment-là, comme en écho à ses souvenirs, Martin aperçut à travers la fenêtre ce qu’il avait vu quand il était enfant : un collier de lumières dans le lointain, parmi les collines obscures. » « De là-bas, du train, la ferme et Moignac ressemblaient à une poignée de joyaux. »

Ravenbac - Reims - 59 ans - 10 mars 2012