Fidel Castro
de Pierre Vayssière

critiqué par Germain, le 18 avril 2011
( - 73 ans)


La note:  étoiles
Fidel, l'homme révolté
Véritable mythe vivant, encensé dès la révolution cubaine de 1959, "dinosaure" de la politique internationale réticent à tirer sa révérence après un demi-siècle de pouvoir, Fidel Castro a toujours fasciné ou révulsé. Orateur populiste au puissant charisme, redoutable agitateur, El Comandante incarne encore à Cuba comme en Amérique latine le leader providentiel inspirant une confiance aveugle.

Pierre Vayssière nous offre ici une biographie extrêmement intéressante de l’ancien enfant-rebelle élevé chez les jésuites, fils illégitime d’un propriétaire terrien, sans cesse animé par un obsédant esprit de révolte. De l'étudiant-activiste au chef de la guérilla, de l'icône révolutionnaire au patron de Cuba, Castro s’est toujours défini dans la combinaison du défi et du rejet de l'ordre établi : « Il n’en a jamais terminé avec son surmoi, toujours en quête d’une image héroïque de lui-même » Passant au crible la prime enfance et la jeunesse du Comandante, l’auteur souligne tout le poids de l’éducation reçue chez les jésuites pendant 14 ans… et dont Fidel dira : « Les jésuites nous ont inculqué des vertus comme le caractère, la droiture, l’ouverture d’esprit, le courage personnel, l’esprit de sacrifice et ils savaient comment stimuler ces qualités… » Plus étonnant, il évoque l’influence rhétorique du leader phalangiste José Primo Antonio de Rivera, fondateur d‘un parti « national-syndicaliste » plus ou moins sabordé sous Franco. L’historien a enfin le mérite d'éclairer les multiples déterminismes ayant peu à peu obéré l’expérience éducative et sociale menée depuis 1959, non sans certains succès jusqu’au « lâchage » de l’Union Soviétique à la fin des années 80. David se lançant dans une guerre à mort contre le géant américain, Fidel Castro se fixa la tâche prométhéenne de diffuser sa révolution à travers le vaste "tiers-monde", de l'Amérique latine à l'Afrique.... et ce livre permet de dresser un début de bilan.

Au-delà, cette histoire de vie enlevée et très documentée est une mine pour qui veut mieux comprendre Cuba, son peuple, son histoire et ses mythes.

Virevoltante, subtile, fouillée : voilà bien l’une des meilleures biographies que j’ai jamais lues !