Dying With Dignity: Understanding Euthanasia
de Derek Humphry

critiqué par Oburoni, le 9 avril 2011
(Waltham Cross - 41 ans)


La note:  étoiles
Comprendre l'euthanasie
Derek Humphry est militant pro-euthanasie. Ayant lui-même aidé sa femme a mourir alors qu'elle souffrait d'un cancer en phase terminale, il est aussi le fondateur de la Société Hemlock, une organisation internationale qui aide et conseille ceux qui en éprouvent le besoin sur le sujet (conseils qu'il a par ailleurs publié il y a quelques années dans "Final Exit", un livre qui fit scandale).

Ici il aborde l'euthanasie de façon générale, montrant quels en sont les enjeux tout en dissipant des idées reçues. Il défend ses positions, évidement, mais il pousse aussi le lecteur à s'interroger sur le sujet, qui déchaine trop souvent les passions (quant il n'est pas tout simplement tabou !) alors qu'il mérite tout à la fois sensibilité, compassion et réflexion.

Tentant de la définir, s'il ne s'agit pas de meurtre il va aussi jusqu'à la distinguer du suicide, dans le sens où un suicide est un acte passionnel alors que l'euthanasie résulte d'une décision rationnelle. Acte non-violent et où l'individu peut avoir la possibilité d'être entouré de ses proches alors qu'il meurt, il différencie l'euthanasie passive -l'arrêt d'un traitement- de l'euthanasie active -par exemple la prise volontaire de drogues létales. A ce propos, que les drogues en question ne soient pas en vente libre on le conçoit, mais qu'elles ne soient pas prescrites dans les cas particuliers qui nous concernent ici lui parait absurde et irraisonné.

Il met alors le doigt où cela fait mal, montrant le conflit d'intérêts auquel sont trop souvent pris au piège différents acteurs, médecins et juristes, malheureusement au détriment des patients.

Le personnel médical en effet, lié au serment d'Hippocrate, un serment qui date de la Grèce antique et dont l'auteur interroge la relevance aujourd'hui dans ces situations. Non seulement nous ne mourons plus comme il y a 2000 ans (parfois douloureusement, sous drogues, au milieu d'inconnus dans des hôpitaux/hospices etc...) mais la mort elle-même n'est plus définie de la même manière (pensons aux différents cas de mort cérébrale...). Derek Humphry montre alors à quel point il est regrettable que des médecins, par peur de poursuites judiciaires, prennent trop souvent sur eux de maintenir "en vie" de manière artificielle des patients qui souvent ne demandent qu'à être "débranchés". Le paradoxe est que, s'il est encore illégal d'assister un suicide ce sont les cours de justice elles-mêmes, impliquées suite aux plaintes des proches des patients, qui en appellent au dits "débranchement" ! L'auteur, américain, cite de nombreux cas judiciaires américains mais l'hypocrisie et l'absurdité d'un tel système n'échappera à personne.

A l'heure où, partout dans le monde occidental, les opinions publiques sont de plus en plus favorables à l'euthanasie ne valons-nous pas mieux que cela moralement ?

Ce livre n'a pas les réponses à tout, il s'agit juste d'un survol du sujet qui soulève plus de questions qu'il n'en pose (qu'en est-il, par exemple, des enfants ou des déficients mentaux ?) mais qui a le mérite d'aborder franchement une question qui pourrait tous nous concerner un jour.