Histoire de Bretagne, tome 07 : 1914-1972
de Reynald Secher (Scénario), René Le Honsec (Dessin)

critiqué par Bleizmor, le 24 mars 2011
(Bretagne - 53 ans)


La note:  étoiles
Le renouveau de l'identité bretonne
Avec ce 7ème tome de l'Histoire de Bretagne, les auteurs s'attardent sur la période commençant avec la première mondiale pour finir en 1972. Nous pourrons voir ainsi que les bretons ont largement participé aux deux guerres mondiales (on notera ainsi que le pourcentage de bretons enrôlés dans l'armée était plus important que la moyenne nationale).

On notera également (et surtout) que les gouvernements et média français ont toujours pointé du doigt les brebis galeuses (quelques dizaines de personnes) qui se sont acoquinées avec les allemands lors de la dernière guerre mondiale, tout en passant sous silence les centaines de bretons qui ont rejoint le Général De Gaulle (ceux de l'île de Sein furent même les premiers à le faire) et les milliers de Bretons qui ont rejoint les maquis ou les Forces de Libération Française. Le but avoué étant bien entendu de discréditer les mouvements autonomistes bretons et donc de continuer le travail de génocide culturel mené en Bretagne (dont notamment l'éradication de la langue bretonne).

Le gouvernement collaborationniste de Vichy sera également à l'origine de l'amputation d'une partie du territoire Breton (la Loire-Inférieure). A partir de cette date, on interdit aux bretons du département de Loire-Atlantique de se revendiquer comme tels. Comme si on indiquait à des Français qu'ils n'ont plus le droit d'être Français.

Après 1945, les auteurs ont dépeint les "30 glorieuses" d'après-guerre, et l'évolution de la société bretonne, similaire au reste de la France : industrialisation, urbanisation, évolution des mœurs, tourisme de masse, etc ...

Par réaction à cette volonté gouvernementale de tuer l'identité bretonne surgiront également des mouvements politiques autonomistes (MOB, UDB, ...) et des actions armées (FLB) à l'image de leurs cousins Celtes, les Irlandais.

Enfin, les années 50 marqueront également le renouveau de la culture bretonne avec l'arrivée de nouvelles générations de chanteurs et musiciens (Alan Stivell, Tri Yann, Gilles Servat, ...) et l'immense travail de collectage (musique, chants, ...) opéré par des individus ou des associations comme Dastum. Le peuple Breton a pu ainsi retrouver son identité, et se défaire de l'image de "plouc" (du breton "plou", paroisse) que la France cherchait à lui imposer.

Encore un ouvrage très bien documenté, et donc chaleureusement recommandé, ne serait-ce que pour son introduction qui pointe la nécessité d'objectivité et d'impartialité quand on traite de l'histoire. Ce qui ne fut vraiment pas le cas jusqu'alors pour l'histoire de la Bretagne.