Tibère et Marjorie
de Régis Jauffret

critiqué par Nothingman, le 20 mars 2011
(Marche-en- Famenne - 44 ans)


La note:  étoiles
Un couple de déments modernes
"Va t'en. Moi, je t'aime trop pour te quitter", lance Marjorie à Tibère, qui malgré son prénom d'empereur romain, représente l'archétype du mâle moderne, indécis, pétri d'habitudes. Elle est presque anorexique, soigne son corps dans la salle de muscu de son appartement boulevard Raspail, adepte des vibromasseurs, artefacts de pénis, dont elle possède une véritable collection, et qu'elle a fini par préférer à celui de son compagnon.
Il se séparent, incompréhensiblement et l'histoire débute là. Une nuit débute surréaliste. Marjorie va commencer la soirée à l'hôpital, s'en échapper et se promener avec son baxter dans Paris. Elle va rencontrer un ancien médecin, aujourd'hui devenu ministre des affaires étrangères, dont le chauffeur va se suicider ce soir là. Le ministre va vouloir la revoir. Tibère va s'accrocher, ne pas vouloir partir. Rajoutons-y les locataires du dessous, nonagénaires sado-masochistes et vous obtenez un roman délicieusement déjanté. Avec Régis Jauffret, on savait déjà que tout était possible avec ses romans conditionnels où il inventait mille vies à un même personnage. Dialoguer avec une défunte, pas de problème dans "Lacrimosa". Et donc voici la nuit du tout est possible, celle d'où l'on émerge un peu hagard, comme au détour d'une lourde cuite ou d'une overdose médicamenteuse. Déjanté donc, peut-être un peu trop, au risque d'être largué en chemin. Un peu comme une soirée que l'on quitte car on n'est plus dans l'ambiance...