Le soleil des mourants
de Jean-Claude Izzo

critiqué par Falgo, le 10 mars 2011
(Lentilly - 85 ans)


La note:  étoiles
Dans la peau d'un SDF
Jean-Claude Izzo n'est pas seulement l'auteur de trois célèbres romans policiers. Dans cet opus, il s'est mis dans la peau d'un SDF et a tenté de faire vivre de l'intérieur la chute, puis la survie précaire d'un homme venu du monde "normal" vers celui de la rue ("cette chienne de vie, où tout le monde est seul et comme vaincu", p.29).
Tentative réussie. On s'y croirait.
Raconté soit à la troisième personne (Rico, le héros), soit à la première par un tiers inconnu qui pourrait être l'auteur, le récit est d'une belle densité. Emaillé de retours en arrrière qui expriment la nostalgie du monde perdu (les amours, la femme, l'enfant, les amis), il donne à ressentir les tourments quotidiens (le froid, la saleté, le mépris des autres, la peur, la recherche de la nourriture et de la bouteille) que n'équilibrent pas les rares joies et les copains. Comme pour un pélerinage, Rico va à Marseille où le soleil - métaphore du bonheur - est censé procurer ce qui manque à Paris et n'y trouve que le même destin. Aller de Paris à Marseille pour un SDF sans argent est un parcours compliqué et dangereux, dont nous n'avons pas la moindre idée coincés dans un TGV rapide et confortable, qu'illuminent cependant certaines rencontres.
Fort, dérangeant, instructif et attachant.
Poignant 9 étoiles

A lire pour des tas de raisons, pas seulement littéraires.
Le souffle des grands "tragiques" pour évoquer une vie broyée.

MAPAL - - 78 ans - 19 mars 2011