Chez les Flamands
de Georges Simenon

critiqué par Catinus, le 8 mars 2011
(Liège - 73 ans)


La note:  étoiles
Une histoire de familles
L’histoire se déroule à Givet, dans la botte du Hainaut, en Belgique. Deux familles – même trois si l’on compte les Van de Weert - : les Peeters, des Flamands, avec Anna et Maria, les deux filles de la maison et les Piedboeuf dont Germaine qui a disparu. Un crime ? Oui et tout accuse les Peeters. La police enquête mais Maria a demandé le concours du commissaire Maigret.
Et puis, il ya les bateliers, les épiceries des deux familles où l’on sert également là du vin , là du genièvre. Des discussions, des rixes, des querelles de bistrots. Des haines latentes.
On s’attend à des rivalités entre les deux familles, à de sordides histoires de gros ou petits sous, des jalousies entre femmes, des chagrins d’amour, des mesquineries. Mais n’oublions pas que , une fois de plus, nous avons à faire à de l’excellent Simenon qui nous attend à la fin. Et qu’il excelle, ici encore , dans les portraits psychologiques de ses personnages qui , comme on le sait, est une de ses spécialités. Dans la chaude et lourde odeur du café et des tartes au riz, faites maison …
Un tout grand Maigret !
Givet, ses flamands, la Meuse et Maigret à la frontière de l’illicite ? 9 étoiles

On arrivait. La maison des Flamands se précisait. C’était une construction assez importante, au bord du fleuve, à l’endroit où les bateaux étaient les plus nombreux. Aucune maison proche. Le seul bâtiment en vue, à cent mètres, était le bureau de la douane belge, flanqué d’un poteau tricolore.
-Si vous voulez vous donner la peine d’entrer…
Sur les vitres de la porte, des réclames transparentes pour des pâtes à nettoyer les cuivres. Une sonnette tinta.
Et, dès le seuil, on était enveloppé de chaleur, d’une atmosphère indéfinissable, quiète, sirupeuse, où les odeurs dominaient. Mais quelles odeurs ? Il y avait une pointe de cannelle, une note plus grave de café moulu. Cela sentait le pétrole, mais avec des relents de genièvre. Une ampoule électrique, une seule. Derrière le comptoir de bois peint en brun sombre, une femme aux cheveux blancs, au corsage noir, qui parlait flamand avec une marinière. Et celle-ci avait un enfant sur les bars.
-Voulez-vous venir par ici, monsieur le commissaire…
Maigret avait eu le temps de voir des rayons bourrées de marchandises. Il avait noté surtout, au bout du comptoir, une partie recouverte de zinc, des bouteilles surmontées de becs en étain et contenant de l’eau-de-vie. Il n’avait pas le temps de s’arrêter. Une autre porte vitrée, garnie d’un rideau. On traversait la cuisine. Un vieillard était assis dans un fauteuil d’osier, tout contre le fourneau.
-Par ici...
Un couloir plus froid. Une autre porte. Et c’était une pièce inattendue, mi-salon, mi-salle à manger, avec un piano, une boite à violon, un parquet ciré avec soin, des meubles confortables, des reproductions de tableaux sur les murs.
-Donnez-moi votre pardessus…
La table était dressée : une nappe à grands carreaux, des couverts en argent, des tasses de fines porcelaines.
-Vous prendrez bien quelque chose…
Le manteau de Maigret était déjà dans le corridor et Anna revenait en chemisier de soie blanche qui la rendait moins jeune fille encore.
Et pourtant elle avait des formes pleines. Pourquoi, dès lors, ce manque de féminité ? On ne l’imaginait pas amoureuse. On imaginait moins un homme amoureux d’elle !
Excellent

Pierrot - Villeurbanne - 73 ans - 9 août 2017


Une enquête privée 9 étoiles

Maigret mène une enquête privée en parallèle avec l'officielle.
L'atmosphère et les portraits psychologiques sont décrits par la main de maître de Simenon.
Qui d'ailleurs nous réserve une surprise à la fin.
Un très bon policier!

Koudoux - SART - 60 ans - 25 mars 2011