Bouche du diable
de Jerome Charyn (Scénario), François Boucq (Dessin)

critiqué par Camarata, le 7 mars 2011
( - 72 ans)


La note:  étoiles
D’une forêt ukrainienne aux gratte-ciel New-yorkais
L’osmose entre le dessin et le récit est parfaite, ce qui donne, me semble-t-il sa force et sa personnalité à une BD. Les dessins sont magnifiques et typés totalement adaptés aux propos et à l’action , plus sombres et glauques dans les scènes urbaines , lumineux et aériens en haut des gratte-ciel où évoluent des êtres humains et des idées d’une autre dimension.

Youri est un orphelin ukrainien, après une survie difficile dans des orphelinats ignobles, il est recruté par les services secrets soviétiques pour être envoyé en Amérique .Il subit auparavant une opération qui efface son bec de lièvre et prend l’identité et le nom de Billy.

Billy travaille sur les gratte-ciel en compagnie des descendants d’indiens, réfractaires à la civilisation. Ils deviendront ses seuls et vrais amis dans l’implacable et impitoyable course au pouvoir où il ne sera qu’un pion….
Chaman à Manhattan 9 étoiles

Vingt-cinq ans avant « Little Tulip » paraissait « Bouche du diable », une BD dont il est difficile de ne pas voir quelques similitudes avec sa petite sœur. Comme pour « Little Tulip », le récit porte sur le parcours âpre d’un orphelin qui évoluera jusqu’à l’âge adulte dans un univers concentrationnaire, en plein cœur de l’Union soviétique, sur fond de spiritualité, puis sera amené à traîner ses guêtres du côté de New York, avec quelques incursions dans l’univers du tatouage. Cette aventure se déroulant dans les seventies, en pleine guerre froide, donne également lieu à plusieurs scènes dignes des meilleurs thrillers, avec une brutalité le plus souvent suggérée, mais aussi de beaux moments de poésie urbaine alliée au chamanisme indien.

A l’intérieur d’un cadrage très cinématographique, on retrouve le trait précis et vigoureux de François Boucq, qui comme souvent met en scène des personnages bien campés avec de vraies « gueules ». Sans être exceptionnelle, la couleur reste soignée et d’une sobriété de bon aloi. Quant au scénario de Jérôme Charyn, il est impeccable et ne souffre d’aucun essoufflement. Autant d’arguments qui font de « Bouche du diable » une lecture largement conseillée.

Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 20 février 2016