Au chien sédentaire
de Pierre Peuchmaurd

critiqué par Rodanski, le 5 mars 2011
( - 58 ans)


La note:  étoiles
Entre deux artères du rêve.
Pierre Peuchmaurd est un auteur aux mains de poulpe ; qu’il leur présente Maurice Blanchard pour la collection Poètes d’aujourd’hui chez Seghers en 1988, qu’il leur livre son frémissant poème Lisière lumineuse des années chez L’air de l’eau en 1997 ou bien qu’il rassemble les extraits de la littérature qui ne le quittent pas dans l’Encyclopédie cyclothymique chez Cadex en 2000, ses lecteurs savent à l’avance qu’ils ne pourront échapper aux crampons magiques, aux aimants de l’écriture aimée. Oui, dans le cas de Peuchmaurd, on peut évoquer ce sentiment pour ses écrits, formant la parallèle à cette vie de lecteur, ce « chien sédentaire ».

111 haïku ici font croître le réel, lui ajoutent un poumon entre deux artères du rêve : Fouillée par le sanglier/au matin/la terre est rêveuse. A la lecture de ces vers, je ne comprends pas que les lectrices de ce pays ne se jettent point encore sur le seuil de sa porte…

On est aussi très ému d’y puiser parfois la communauté de nos interrogations : Le rouge-gorge/te regarde/Est-ce qu’il te voit ? On aimerait répondre par l’affirmative, on doit répondre.

Ces poèmes écrits au fond de l’hiver de la vie de l’auteur évoquaient déjà les visiteurs de l’été, il faut bien que les proies renaissent, un jour plus clément, à seule fin de satisfaire l’appétit de la buse.