Tout bouge autour de moi
de Dany Laferrière

critiqué par Gabri, le 26 février 2011
( - 38 ans)


La note:  étoiles
Le 12 janvier 2010
À 16h53, Dany Laferrière se trouve attablé dans un restaurant de Port-au-Prince en compagnie de son ami Rodney St-Éloi. C’est la minute fatale, celle qui délimitera pour les décennies à venir un "avant" et un "après" pour Haïti. Dans ce récit, Dany Laferrière revient sur ces 60 secondes de mort et de destruction sous la forme de courts textes pleins d’humanité, composés sur des thèmes qui réveillent chez lui des souvenirs marquants. Les bruits sourds, la nuit, les lieux, le silence… Un peu à la manière d’une série de diapositives, l’auteur revient sur cette minute fatale avec moult détails qui, sans jamais tomber dans le pathos, sont criants d’authenticité.

À un certain moment, les textes changent de cible. On passe du séisme aux réflexions qu’il a engendrées pour l'auteur. S’il y a une chose que je me suis répétée en lisant cette partie, c’est bien l’aberrance du fait qu’il m’aura fallu un tel événement pour lire enfin Dany Laferrière. J’ai trouvé ses réflexions brillantes et toujours très justes, l'écriture est magnifique et les métaphores me resteront longuement en tête.

Dans son récit, il répète souvent qu’il était important pour lui de revenir au Québec suite au séisme afin de pouvoir s’exprimer publiquement sur ces événements en tant qu’Haïtien. Il voulait, entre autres, que ses compatriotes établis à l’extérieur du pays entendent un des leurs faire le point sur la situation. C’est ce qu’il a fait aussi en écrivant ce livre. Un regard intelligent sur le séisme et sur Haïti, par un homme qui aime profondément son pays et qui maîtrise indéniablement l’art des mots. À lire absolument!
..."Et Haïti continuera d'occuper encore longtemps le coeur du monde." 10 étoiles

Un livre-témoignage, un récit déroulant, au jour le jour et, souvent, en quelques lignes de notes, les sensations et, surtout, les émotions à vif de l'auteur, lui, Haïtien en exil, mais aussi ses constats, ses réflexions, ses critiques, ses interpellations... et tant de vérités douloureuses sur cette île où "Pour une fois, notre malheur ne fut pas exotique", son île dont les habitants ont montré énergie, "dignité" et ou "Malgré nos drames, nous produisons une culture joyeuse qu'il vaudrait mieux exposer.".

"Ces gens qui portent leur douleur avec une telle grâce possèdent un sens de la vie qu'il serait dommage d'ignorer. A les voir si sereins, on se doute bien qu'ils savent des choses à propos de la douleur, de la faim ou de la mort. Et qu'une joie violente les habite. Joie et peine qu'ils transforment en chant et en danse...
On est tout étonné d'apprendre, en écoutant plus attentivement, que les paroles de cette chanson qui nous a mis des fourmis dans les jambes sont d'une tristesse à mourir. Tout le secret de ce pays est là."

Un témoignage terrible et bouleversant, oui, mais également un récit de vies, de VIE.

(Attribuer un nombre d'"étoiles" à un tel récit n'a aucun sens et en est, pour moi, presque un manque total de respect vis-à-vis de Dany Laferrière.)

Provisette1 - - 12 ans - 10 août 2013


"N'écrivez pas un roman..." 8 étoiles

Dany Laferrière, écrivain canadien d'origine haïtienne, se trouve dans son pays natal au moment du terrible séisme du 12 janvier 2010.
A l'aide de son carnet de notes qui ne le quitte jamais, il va se faire le témoin de ces moments à la manière d'un photographe, avec de courts paragraphes comme des instantanés.
Mais comme le lui demande son neveu, il ne va pas écrire un roman. Il va décrire ce qu'il voit, ce qu'il ressent, la force de son peuple qui continue, qui s'adapte.
« N'ayant plus de lieu décent où vivre, ils habitent le moment. »

De retour au Canada, il va être assailli pas les images passant en boucle sur les écrans du monde entier. Quelques jours plus tard, il reviendra en Haïti pour l'enterrement de sa tante.
« On critique des gens qui agissent quand nous n'avons pas bougé de notre fauteuil depuis deux jours. »
Et puis ce curieux constat: ce tremblement de terre peut permettre au pays de balayer en même temps des années de dictature, de repartir sur de nouvelles bases, sans oublier le combat mené, il y a deux siècles contre l'esclavage.
« Le paysage humain compte. On ne recommence rien. On continue. Il y a des choses qu'on ne pourra jamais éliminer d'un parcours: la sueur humaine. Que fait-on de ces deux siècles, et de tout ce qu'ils contiennent, qui ont précédé l'année zéro? »

Moi qui n'avais pas été touchée par le roman « L'énigme du retour », j'ai admiré l'écriture de ce livre, cette façon de nous faire partager les malheurs et l'optimisme de ce peuple.
Mais je n'oublie pas que l'auteur est un intellectuel cultivé qui témoigne du milieu d'où il vient et qui n'est peut être pas complètement représentatif d'autres classes sociales qu'il côtoie mais dont il ne vient pas.

Pendant que j'écris ces lignes, un reportage terrible sur les « rest'avec » , les enfants esclaves d'Haïti, « loués » par leurs parents pauvres aux commerçants ou petits bourgeois de la ville. Haïti a encore beaucoup de chemin à parcourir pour respecter les droits de l'enfant.

Marvic - Normandie - 66 ans - 5 février 2012


Un témoignage essentiel. 8 étoiles

Ce livre est un témoignage essentiel sur l'une des plus grandes catastrophes naturelles !

Voir ma critique complète sur www.yapasquelamode.fr

Celiay83 - - 38 ans - 9 mars 2011