L'enfant brûlé
de Stig Dagerman

critiqué par Aliénor, le 24 février 2011
( - 56 ans)


La note:  étoiles
Trouble
« On enterre une femme à deux heures » sont les premiers mots de ce roman très sombre d'un auteur suédois décédé à l'âge de 31 ans en 1954. Cette femme laisse derrière elle un mari et un fils de 20 ans, dont les rapports troubles pèsent lourdement sur l'atmosphère et le récit. Un récit d'une grande lenteur qui évoque les films de Bergman. L'intrigue est centrée sur l'évocation des sentiments opposés que le fils et le père éprouvent l'un pour l'autre, et sur la cruauté du fils envers sa fiancée, jeune femme totalement effacée dont on comprend petit à petit qu'elle ressemble beaucoup à la mère disparue. Et lorsque le fils découvre que son père entretenait depuis longtemps une liaison avec une autre femme, la tension monte encore. Le trio devient quatuor, et le jeu des quatre protagonistes est de plus en plus étrange.

Bengt, Bérit, Knut et Gun, tels sont les prénoms de ces quatre personnages tour à tour attachants et déplaisants. Quatre protagonistes d'un roman d'atmosphère où rien ne se produit ou presque, et où pourtant le charme opère. Il opère lentement certes, mais profondément et donc durablement.
Le malaise ambiant, qui s'insinue et persiste tout au long de la lecture, rend cette dernière d'autant plus troublante que l'on identifie Bengt à l'auteur, qui s'est suicidé quelques années après avoir subitement arrêté d'écrire, alors qu'il connaissait un succès considérable.
Parallèlement à la lecture de « L'enfant brûlé », il faut d'ailleurs lire « Notre besoin de consolation est impossible à rassasier », petit recueil de 12 pages écrit à la 1ère personne, qui est en quelque sorte le testament littéraire de Stig Dagerman. Et qui éclaire de manière particulièrement dramatique le personnage de Bengt.