L'écho des suppliciés
de Joël Houssin

critiqué par Kalie, le 12 février 2011
(Sarthe - 54 ans)


La note:  étoiles
Sport d'Enfer
«L’écho des suppliciés» est le numéro 14 de la collection Gore et le dernier des deux romans gore de l’écrivain Joël HOUSSIN.

Pierre-Saint-Luc, une station de ski, souffre d’un manque persistant de neige. Mathieu Mazeno, promoteur immobilier, propriétaire d’une grande partie de la station et les commerçants pensent mettre la clef sous la porte. Le vieux Antoine, natif de la région, propose à Mazeno d’aller voir Anaïs, une vieille sorcière qui habite au milieu d’un bois près de la station. On dit qu’elle a le pouvoir de faire la pluie et le beau temps. Mazeno suit le conseil du vieux…

Une tempête de neige s’abat subitement et coupe la station du reste du monde. Des vacanciers sont bloqués dans la neige en montant de la vallée vers la station. Le glacier qui la surplombe se détache et « l’aiguille du Diable » se déplace en libérant un tourbillon de brume sombre…

Le vieux Antoine a oublié de préciser à Mazeno que ses grands-parents s’étaient toujours gardés de solliciter Anaïs. Certains pensaient qu’elle gardait une porte qui donnait directement sur l’Enfer. Et c’est l’Enfer qui s’abat sur la station : corps écrasés sous un chasse-neige comme des galettes, skieurs empalés … Des milliers d’êtres aux yeux rouges, nus, aux corps gris, envahissent la station et torturent (le mot est faible !) les habitants. Ces êtres silencieux aux visages figés sur un rictus d’agonie, armés de crochets et autres fouets cloutés, refont subir aux vivants leur supplice.

La quatrième de couverture donne le ton : « Les sphincters déchirés, Bruno poussa un hurlement atroce. Une pointe acérée aurait mis fin prématurément à son supplice mais le pal arrondi pénétrait au ralenti, écartelant les muscles, rompant la chair fragile des muqueuses, comprimant les zones nerveuses et refoulant sans les déchirer les organes vitaux vers l’épiderme où ils formaient des bosses immondes. La douleur devint atroce quand le pal commença à se frayer un passage dans son abdomen. Une femme s’approcha, lui glissa une barre de métal entre les mâchoires et lui brisa les dents une à une, à coup de piolet. Une autre femme venait de planter ses ongles répugnants de crasse dans ses testicules et commençait à les arracher lorsque les muscles abdominaux du skieur cédèrent brutalement. Ses pieds touchèrent le sol, le pieu lui traversa la poitrine et ressortit par la bouche, dégoulinant d’humeur pulmonaire et de viscères encore gonflés d’excréments… ».

S’il ne fallait choisir qu’un seul roman Gore à lire parmi les 118 titres parus, ce serait celui-ci. L’histoire, l’enchaînement des événements, la tension et la qualité de l’écriture (pour ce genre de livre) en font un chef-d’œuvre de la collection Gore. Pour public averti seulement.