Dérives
de Biz

critiqué par Gabri, le 29 janvier 2011
( - 37 ans)


La note:  étoiles
Les dérives de Biz
J’avais beaucoup entendu parler de ce livre comme de la revanche des pères indignes. Après les mères réclamant le droit d’être imparfaites, nous disait-on, voici un père qui se révolte à son tour contre l’image surfaite de la parentalité. Par contre, on réalise après lecture qu’il s’agit avant tout d’un récit sur la dépression et sur un homme qui y est sombré alors qu’il devenait père pour la première fois. Biz, qui est aussi le chanteur du groupe Loco Locass, le dit lui-même; son fils est arrivé dans l’œil du cyclone.

Le livre alterne les chapitres entre le quotidien de Biz et une allégorie de la dépression très réussie. Il nous amène pour cette partie dans un marais sombre et désolant, dans lequel il erre sans but sur un radeau. J’ai aimé ces chapitres, très bien écrits, qui mettent vraiment une image concrète sur ce qu’est la dépression. Le quotidien de Biz, quant à lui, se lit comme un bon roman.

À mon avis, c’est donc un petit livre très court, trop court même, qui se lit en une heure à peine et qui mérite d’être lu, auteur connu ou pas.
On ne naît pas père, on le devient 7 étoiles

Hercule a créé le détroit de Gibraltar en fendant le rocher qui unissait l’Europe à l’Afrique afin de diriger les eaux menaçantes de la Méditerranée vers l’Atlantique. Biz (Sylvain Fréchette, rappeur populaire du Québec) a recouru à ce mythe pour illustrer la traversée du marais qu’a entreprise son héros, confronté aux courroux de la paternité. En paraphrasant Simone de Beauvoir, on peut dire qu’il a appris que l’on ne naît pas père, mais qu’on le devient.

Le héros s’attendait à vivre les plus belles années de sa vie d’après ce que lui disaient ses amis. Mais, hélas, ce furent les pires. Un enfant révolutionne la routine. C’est une renaissance. N’est pas un « rené » qui veut. Biz a emprunté le néologisme à Paul Claudel, émerveillé de naître à la foi un soir de Noël. Les fibres paternelles ne sont pas sous-jacentes à la délivrance de la mère. On les acquiert en s’occupant de son petit roi, qui s’ajuste aux contraintes de la vie avec des hurlements à effrayer les loups. C’est l’enfer ! Le nouveau papa, malgré son irascibilité dépressive, navigue en nocher courageux sur son Styx pour résister à la tempête, qui l’accule à la folie. Plus que la thérapie suivie pour sauver son couple, ce sont les premiers mots de son « tithomme » qui survoltent sa pile.

Cette initiation douloureuse à la paternité est racontée en parallèle avec la mythologie, qui propulse les démiurges constructeurs de pays pour asseoir l’immortalité de ses habitants à travers les enfants qu’ils se donnent. C’est un beau roman, dont le dénouement se laisse aisément deviner.

L’exploitation du sujet a été court-circuitée par une écriture trop pressée. L’exercice romanesque, auquel l’auteur s’est livré, manque de souffle à cause des raccourcis qu’il a empruntés au cinéma et à la chanson. Tout de même, cette incursion pragmatique et mythologique apprend aux futurs pères comment patauger sans se noyer dans le marais de la paternité.

Libris québécis - Montréal - 82 ans - 10 avril 2012


Dérives 10 étoiles

Avant de commencer ce roman, j'avais peur de le trouver trop déprimant. J'ai vite été accroché par la plume de Biz. J'ai trouvé ce livre vraiment intéressant car il décrit vraiment bien l'état d'un dépressif. Cette dépression a pour malheur d'arriver après la naissance de son enfant. Cet état psychologique l'empêche de vraiment profiter de sa nouvelle paternité.

Pour avoir moi-même vécu des moments difficiles dans ma vie, je me suis vite reconnu dans certains événements décrits par l'auteur, comme par exemple les sautes d'humeurs sans raison. Mon autre grande surprise a été l'écriture de Biz. Je ne savais pas qu'il écrivait aussi bien même si on pouvait le voir dans les textes de son groupe Loco Locass.

Si j'avais un seul point négatif c'est la fin un peu rapide du roman. On sait que le bonheur sera de retour mais j'aurais aussi aimé le lire.

Exarkun1979 - Montréal - 44 ans - 9 avril 2012