Manoeuvres de diversion en attendant la nuit
de Jean-Pierre Cescosse

critiqué par Miller, le 4 avril 2002
(STREPY - 68 ans)


La note:  étoiles
Jean-Pierre Cescosse, un croustillant désenchanté
Après deux recueils de nouvelles, aux éditions du
Dilettante : - Rimbaud et le CAC 40
- Après dissipation des brumes matinales
Jean-Pierre Cescosse nous écrit un premier roman dans la vague des désenchantés. De ceux qui allaient élever des chèvres dans le Larzac. Dans une autre époque. Ici, on pense plutôt à
Michel Houellebecq. En moins noir de noir, peut-être.
A chaque lecteur de se faire une opinion.
Le personnage central, Edouard Simon, n'est pas conforme aux standards en vigueur.
Ni par ses choix existentiels. L'amour des mots, la musique, les femmes, l'ivresse, l’abîme, le bel abîme.
Ni par sa « personne ». Et vous verrez combien ce mot « personne » est trituré dans ce roman. Edouard Simon
n'entre pas dans le rang !
L'auteur Renaud Ambite, dans un habile roman paru aux Editions de L'Aube, avait intitulé son livre Thérèse m’agaçait.
Eh bien Edouard Simon, lui, il agace le comité de Surveillance et d'Epuration chargé d'analyser ses faits et gestes. Derrière la symbolique de ce comité, on pense, par exemple, à un groupe de collègues dans une administration à la Kafka, un groupe capable de harcèlement ou de quarantaine.
La « personne » d'Edouard Simon pose problème à ce comité de purs merdeux (des gens tellement, tellement honnêtes). Des petits maîtres en comportement.
Edouard Simon
se la joue à part, tolérant, il ne veut pas
filer droit et en plus il se tape des nanas. On va le casser ce mec. Les relations d'Edouard Simon, c’est pas mieux : l'inspecteur Fontier, imbibé d'alcool. Un nommé Méchin, cancéreux à terme qui consomme des putes. Ingrid un tantinet shampouinée aux plus ou moins suicides deux en un.
Ingrid accompagnée de son amie/ennemie Eliane. Crêpage de chignon.
Pas la peine de vous dévoiler le reste du roman (à plusieurs profondeurs) qui va vous amener sur
une « vision de la vie », bref, un chemin ou les coincés, les puritains, les moralisateurs et les ostentations ne se sentiront pas à leur place.