Psychopolis et autres nouvelles
de Ian McEwan

critiqué par Kinbote, le 3 avril 2002
(Jumet - 65 ans)


La note:  étoiles
...dans la collection Folio 2 Euros
"Psychopolis", c’est Los Angeles, une ville démesurée qui crée des individus narcissiques qui se voudraient à l'image de la cité. Le narrateur anglais fait sur place connaissance avec une femme qui se fait attacher par lui un week-end entier à un pied de lit. Il rencontre aussi un étrange commerçant en fournitures pour réceptions et matériel pour infirmeries et un type qui collectionne les déconvenues sentimentales. Celui-ci est ainsi victime d’une mauvaise plaisanterie de la part d'une femme à qui il a eu le tort de promettre tout ce qu'elle voudrait : le prenant au mot, elle va lui demander d'uriner sur lui au restaurant avant de le présenter à ses parents… Dans une salle, le narrateur assiste à un spectacle où il ne peut déterminer s'il s'agit d'un client monté se plaindre sur scène de sa situation affective ou d'un humoriste plus vrai que nature. Dans "Masque", une ancienne comédienne excentrique devient tutrice d'un garçon et le mêle à ses mascarades à un moment où il subit ses premiers émois sensuels et s’attache à une fille.
Dans "Pornographie", un homme entretient une relation avec deux jeunes femmes qui travaillent dans le même service d'une clinique ; les deux femmes s’apprêteront à lui faire payer cher sa
double relation.
Ces trois nouvelles sont très bien écrites dans un style fluide combinant propos rapportés et narration. Cependant aucune ne parvient à vraiment nous emporter, nous surprendre ou même nous choquer, comme la quatrième de couverture nous pousse à le croire. Mais précisons que ce sont des nouvelles d’un auteur anglais alors âgé de 28 ans qui a donné depuis plusieurs romans, paraît-il, tous très bien accueillis. (Booker Prize ou Fémina étranger).


Les nouvelles sont extraites de son premier livre sorti en 1976; il a été réédité sous le titre « Sous les draps et autres nouvelles ».
McEwan en trois déclinaisons 6 étoiles

La première nouvelle, Intitulée "Masques" et initialement publiée dans le recueil de nouvelles "Premier amour, derniers rites" aborde la troublante relation qui s'installe entre une tante et son neveu dont elle assure l'éducation. Déguisements au programme, ambiguïté, possessivité et exclusivité sont les ingrédients majeurs de cet texte qui m'a paru bien fade. Rien de très original, un sujet pas très bien traité, sans surprise, même ennuyeux par moments. La tante a des pulsions, le neveu en fait les frais de manière détournée et encore... ça s'arrête là et la fin est franchement bâclée.

Le second récit "Pornographie" est meilleur, mieux ficelé, bien plus cruel et pervers. Un homme amateur de sexe et de jolies femmes abuse de l'amour de deux d'entre elles jusqu'au jour où ça se retourne contre lui et de manière violente, les deux belles étant infirmières. L'histoire va crescendo, il faut du temps à McEwan pour poser son ambiance puis peu à peu, on sent la tension qui s'installe et la fin est à la hauteur de l'attente ainsi créée.

Le dernier texte, Psychopolis, est à mes yeux le plus abouti. Long discours sur l'Amérique intellectuelle et sur la société bourgeoise superficielle, névrosée et psychanalysée. Pas de gros rebondissements, plutôt un portrait détaillé d'une classe sociale aisée qui se cherche sans jamais se trouver. Introspections, regards sur les autres, morosité de vies rangées qu'on voudrait palpitantes, vanité et autres défauts... tout cela contribue à faire de ce texte un petit bijou sociologique bien plus efficace à mes yeux que les deux précédents.

Au final, trois nouvelles agréables allant du moins bon au meilleur. Pas de quoi donner vraiment un aperçu complet et efficace du talent de Mc Ewan mais on sent que l'essentiel y est et qu'il est dès lors utile d'aller voir ailleurs dans son oeuvre pour y trouver davantage de performance.

Sahkti - Genève - 50 ans - 18 août 2005


Je m'attendais à mieux! 7 étoiles

Parfois, on engloutit les lignes, parfois on s'ennuie. Les nouvelles sont certes bien menées, mais certaines n'ont pas la fin inattendue que l'on espérait ou qu'elles méritaient. Le style est frais, la lecture facile, les histoires sont limpides à lire. Ce livre, en définitive, est assez inégal dans l'ensemble. Je m'attendais à des histoires beaucoup plus scabreuses, comme le laissait présager la quatrième de couverture. Dommage...

Niddle - Le Raincy - 45 ans - 14 janvier 2004